Son nom résonnait comme une promesse de mystère et de privilèges. Il sera peut-être désormais associé à un échec : l'application Clubhouse n'a été téléchargée que 2,7 millions de fois en mars dernier, contre 9,5 millions en février, soit une baisse de 72%, d'après le cabinet d'études Sensorpower,qui a également recueilli les témoignages d'utilisateurs déçus. L'application est maintenant presque revenue à son niveau de téléchargements de janvier, quand elle commençait à se faire connaître auprès du grand public. "La fête sur Clubhouse est-elle déjà en train de tourner court?" se demande le cabinet.
Lors de son lancement en France début février - uniquement sur iPhone - l'application avait pourtant fait grand bruit. Clubhouse propose de discuter dans des "rooms", des salles de chat, avec des inconnus… ou des gens plus célèbres. L'animatrice Oprah Winfrey, le fondateur de Facebook Marc Zuckerberg ou l'acteur Jared Leto ont ainsi animé des discussions sur Clubhouse, rapporte Le Monde. Pour y participer, l'application ne pose qu'une seule condition, qui fait tout son charme : obtenir une invitation de quelqu'un déjà inscrit.
A l'arrivée de l'application, "il y avait un vrai engouement, se souvient Rémi, étudiant en droit et sciences politiques à Toulouse. C'était la période du couvre-feu à 18 heures, en plein hiver, tout le monde était chez soi, et là-dessus il y avait plein de sujets intéressants." Le jeune homme de 19 ans parle de l'actualité avec des étudiants et des journalistes, parfois jusqu'à trois heures du matin. Dans d'autres rooms, certains décrivent simplement leur vie.
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C'est précisément cette dualité qui a séduit Thibault, 21 ans, qui étudie le journalisme à Lille. "Il y a eu un engouement au début, décrit-il avec les mêmes mots, parce que tu pouvais discuter avec [le journaliste] Rémi Buisine un soir et découvrir des gens un autre. Tout le monde pouvait prendre la parole sur scène." L'application est alors connue pour abriter beaucoup de personnalités des médias et du monde politique : le secrétaire d'Etat au numérique, Cédric O, Marion Maréchal, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, ou le maire de Nice, Christian Estrosi, y ont par exemple créé un compte.
"Il y a un réseautage entre journalistes qui a fait qu'une partie d'entre eux se sont dit : 'Mon dieu les politiques y vont', s'amuse Thibault. Une fois que les gens qui étaient intéressés l'ont téléchargée, c'est-à-dire principalement journalistes et politiques, plus personne n'a téléchargé l'application." Les autres gros noms de Clubhouse semblent également avoir quitté la plate-forme : "Les élites ont quitté l'appli. [...] L'attrait de Clubhouse est la possibilité d'écouter discrètement des conversations intéressantes de personnes intéressantes. Si les personnes intéressantes partent, quel est l'intérêt?", résume Timothy Armoo, directeur d'une agence de communication américaine, cité par la chaîne CNBC.
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