Aujourd'hui, plus de 40% de la population Africaine n'a pas accès à l'électricité. Un manque que les pays Africains comptent bien combler. En investissant dans les énergies fossiles alors que le potentiel des énergies renouvelables est immense.
Les habitants du continent désirent électricité pour lire le soir, regarder la télévision, voyager et accéder à un confort minimal. L'Europe, elle, souhaite profiter des gigantesques énormes gisements d'énergie du continent. Des pays comme l'Allemagne, ont besoin d'hydrogène et de gaz naturel, la ruée sur le potentiel énergétique de l'Afrique a par ailleurs commencé il y a bien longtemps.
Si le continent s'est si peu développé, ce n'est pas la faute des matières premières. Le continent en a à revendre : le sous-sol Africain dispose de pas moins de 125 milliards de barils (de 159 litres chacun) de pétrole, soit presque dix fois plus que dans toute l'Europe et même plus qu'en Russie. Avec 12 900 milliards de mètres cubes, les réserves de gaz avérées font quatre fois celles de l'Europe. Et à ceci s'ajoutent 15 milliards de tonnes de charbon, de quoi couvrir les besoins du continent pendant 70 ans.
Une nécessité de se développer
Beaucoup de pays Africains ne comptent pas laisser ce potentiel dans le sol comme le préconisent climatologues et militants écologistes. En effet, depuis plusieurs mois les représentants de plusieurs gouvernements profèrent que l'Afrique est dans son droit d'appuyer son développement sur les énergies fossiles.
Lors d'une réunion des ministres de l'énergie au cap, quinze jours avant la COP27 organisée en Égypte, Gabriel Mbaga Obiang Lima, ministre de l’Énergie de Guinée équatoriale, disait :
“Nous commencerons à parler de transition quand nous aurons atteint le stade de la sécurité énergétique.”
Des propos renchéris en mai dernier par le président sénégalais à l'occasion d'une visite du chancelier Allemand Olaf Scholz : “Il serait injuste d’interdire à l’Afrique d’utiliser les ressources naturelles dont elle dispose dans son sous-sol”.
Plusieurs autres grands pays se rattachent aux fossiles, bien que les pays occidentaux leur proposent leur aide, comme à l'Afrique du Sud. Un groupe de pays riche, dont fait partie l'Allemagne, veut ainsi mettre 8,5 milliards de dollars (8,1 milliards d'euros) à la disposition du pays pour sa transition énergétique. Cependant, le fournisseur d'énergie sud-africain Eskom, qui utilise principalement du charbon a fait part de son intention d'exploiter le charbon pendant encore un demi-siècle, et s'est notamment doté de nouvelles centrales.
L'Afrique ne se contentera cependant pas de ces nouvelles centrales à charbon et de quelques gisements gaziers. En effet, plusieurs pays Africains ont déjà prévu une ribambelle de mégaprojets, rendus viables avec la crise énergétique actuelle. L'envolée des prix dans les industries gazières et pétrolières les rend plus attractives. D'autant plus que l'accès aux afférents est plus simple et moins coûteux. Par ailleurs, les investisseurs sont dans les starting-blocks dans tous les pays.
Le prix de la transition
S'ils se réalisent, de tels projets permettent la pérennisation de l'extraction et de la consommation des combustibles fossiles. “L’Afrique devrait se servir de son pétrole et de son gaz au lieu de se laisser dicter sa conduite par l’Ouest, cingle N. J. Ayuk, le président de la Chambre africaine de l’énergie, qui organise les réunions des ministres de l’Énergie d’Afrique. S’ils veulent que l’Afrique investisse dans les énergies renouvelables, les pays occidentaux doivent mettre la main à la poche. Or, pour l’heure, ils n’ont pas investi, ou très peu, dans le domaine des énergies renouvelables en Afrique”, rappelle-t-il au Spiegel.
Pour éviter une véritable catastrophe climatique, les pays riches se doivent donc d'amener les Africains à renoncer à cette phase intermédiaire d'exploitation des fossiles. Les économistes parlent alors de leapfrogging (saute-mouton). Tout dépend donc des aides financières. Bien que les signes ne soient guère encourageants pour le moment, cela pourrait changer.
Centrales vertes
Il existe aussi une autre Afrique : celle des ressources en énergies renouvelables inépuisables. Et certains pays en ont déjà pris conscience. Une initiative africaine qui regroupe plusieurs pays, s'est proposé, avec l'aide de l'UE et des Etats-Unis, d'installer d'ici la fin de la décennie, des "centrales vertes", qui ont une capacité de production totale d'au moins 300 gigawatts. Soit un tiers de plus que l'ensemble de la capacité de production allemande.
Il n'en reste pas moins que le continent est en retard dans le déploiement des énergies renouvelables. Tous ensemble, les pays africains produisent moins d'un quart de ce que produit l'Allemagne à partir d'énergies renouvelables. Bien que ce continent soit abonné au soleil, il totalise à peine plus de 1% des panneaux solaires et éoliennes installés dans le monde et la part de l'Afrique dans la production mondiale d'énergies vertes est d'à peine 1,5%.
D'une région à l'autre, de grands clivages existent : plus de trois quart de l'électricité solaire et plus de 80% de l'électricité éolienne produite en Afrique se concentrent dans trois pays : l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Maroc.
C'est donc l'Afrique du Nord qui détient le monopole dans le secteur des renouvelables, soit des pays qui détiennent peu de ressources fossiles. Comme le Maroc, c'est d'ailleurs là-bas que se trouve la plus grande centrale solaire du monde : Noor. Située à une dizaine de kilomètres de la ville de Ouarzazate, elle affiche une capacité de production de 580 mégawatts, soit autant qu'une demi-centrale nucléaire.
Photovoltaïque & diesel
Chaque pays doit chercher sa propre solution en matière d'énergie et ceux même en Afrique où il n'existe pas une solution unique, comme l'indique une étude publiée fin octobre dans la revue Nature Energy. Cinquante spécialistes y mesurent la faisabilité de la transition énergétique en Afrique et évaluent dans quels délais il sera possible de fournir aux habitants une énergie bon marché.
Certains pays gagneraient à installer dans un premier temps de moyens de productions hybrides à base de photovoltaïque et de diesel, alors que d'autre pourraient investir sur l'hydroélectricité, le solaire et l'éolien. Cependant, les chercheurs s'accordent tous sur un point : les énergies renouvelables sont plus indiquées que de nouveaux projets gaziers, par exemple pour des projets climatiques mais pas seulement.
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Emplois & croissance
Les énergies renouvelables permettent par ailleurs de créer plus d'emplois et de croissance, sans parler des autres avantages évidents comme la qualité de l'air. Au contraire, la réalisation de nouveaux projets gaziers induit “un risque élevé d’investissements malavisés”. Ce que confirment d'autres études comme celle de Climate Action Tracker. Seulement une minorité de gens profiteraient réellement vraiment des projets fossiles. Ces projets sont donc contre-indiqués, si l'on veut lutter à la fois contre la pauvreté et contre le dérèglement climatique.
La peur des Européens de voir l'Afrique devenir un géant des fossiles est compréhensible. Ce serait une véritable catastrophe, autant pour le continent que pour la planète, et tous les objectifs fixés jusqu'alors serait obsolètes.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier qui sont les premiers responsables du dérèglement climatique. Un Allemand a ainsi une empreinte carbone de 8 tonnes par an, un Ougandais de 0,14 tonne. Et pendant que chez nous on compte qu'une personne sur deux possède une voiture, en Ouganda on ne compte que 3 voitures pour 1 000 habitants.
Il n'est donc pas très étonnant que les Africains refusent de se laisser dicter leur conduite par les Occidentaux en ce qui concerne la question climatique. Ou, pour reprendre la formule de N. J. Ayuk : “L’Europe doit se décarboner et l’Afrique doit s’industrialiser.”
d'accord avec la phrase de N. J. Ayuk. les européens/américains ont le droit de polluer et pas l'Afrique ? je ne dis pas que je les encourage à polluer mais c'est pas très juste quoi surtout que l'Afrique a des ressources mais reste quand même très pauvre...