Après son inculpation historique, l'ancien président américain Donald Trump se prépare à subir une épreuve inédite pour un ancien chef d'État : une prise d'empreintes et de photo avant sa présentation à un juge, devant lequel il plaidera "non coupable". Cette convocation, qui aura lieu mardi, donnera lieu à un rituel particulier pour l'ancien locataire de la Maison Blanche : il devra décliner son nom, son âge et sa profession, se soumettre à une prise d'empreintes digitales et être pris en photo, comme tout prévenu.
Le milliardaire, qui vit actuellement en Floride, a été "choqué" d'apprendre sa mise en accusation par la justice de l'État de New York dans un dossier pénal lié à un versement effectué avant l'élection de 2016 à l'actrice de films pornographiques Stormy Daniels. Selon les accusations, son avocat personnel Michael Cohen aurait versé 130 000 dollars pour acheter le silence de cette dernière qui prétend avoir eu une relation extraconjugale avec le magnat de l'immobilier dix ans plus tôt. Bien que Donald Trump ait reconnu avoir remboursé Michael Cohen, il a toujours nié cette liaison et assure que la transaction n'avait rien d'illégal.
Son avocat, Joe Tacopina, a déclaré vendredi qu'il déposerait immédiatement des recours mettant en cause la légalité des poursuites, dont la nature exacte n'a pas encore été rendue publique. Donald Trump devrait plaider "non coupable" car, selon son avocat, "il n'y a aucun crime". Il devrait ensuite être laissé en liberté, peut-être sous conditions, en attendant l'organisation de son procès.
Dans l'arène politique, Donald Trump a déjà réagi en dénonçant une mise en accusation "bidon et honteuse" orchestrée selon lui par les démocrates pour faire dérailler sa campagne présidentielle. Il a été soutenu par les ténors de son parti qui ont immédiatement volé à son secours. Il prédit que cette "chasse aux sorcières" "se retournerait" contre le président démocrate Joe Biden.
Cependant, Joe Biden, qui a l'intention de briguer un second mandat, ne veut pas alimenter la posture de martyr endossée par Donald Trump pour rallier ses troupes. Il mise à l'inverse sur le décalage entre son image de président au travail contre celle de son rival empêtré dans les affaires pour séduire les électeurs du centre.
Ce dossier, porté par le procureur démocrate de Manhattan Alvin Bragg, pourrait n'être que le premier, et peut-être le moins sérieux, pour l'ancien président qui fait l'objet de multiples autres enquêtes judiciaires. La justice fédérale a ouvert des investigations sur son rôle dans l'attaque du Capitole le 6 janvier 2021, ainsi que sur sa gestion des archives présidentielles après son départ de la Maison Blanche. Une procureure de l'État de Géorgie s'intéresse également à des pressions exercées sur des responsables électoraux dans cet État pour qu'ils "trouvent" des voix en sa faveur lors de l'élection présidentielle de 2020.
L'issue de ces enquêtes pourrait avoir de lourdes conséquences pour Donald Trump, qui risque des poursuites judiciaires, des amendes et peut-être même une peine de prison s'il est reconnu coupable. Il est également possible que ces enquêtes nuisent à ses projets politiques futurs, notamment s'il envisage de se présenter à nouveau à la présidentielle en 2024.
L'inculpation de l'ancien président américain illustre la complexité et les enjeux de la justice pour les chefs d'État, qui sont souvent protégés par une immunité judiciaire pendant leur mandat. Donald Trump avait été accusé de multiples actes répréhensibles durant son mandat, mais la plupart avaient été étouffés par le système politique et la majorité républicaine au Congrès.
Cette nouvelle inculpation montre que même les anciens présidents ne sont pas au-dessus des lois, et que la justice peut les rattraper même après leur mandat. Elle marque également une nouvelle étape dans la confrontation politique entre Donald Trump et les démocrates, qui s'affrontent depuis des années sur de nombreux sujets, notamment sur la politique d'immigration, la lutte contre le changement climatique et la gestion de la pandémie de Covid-19.
Tu penses qu'il ira en prison ? J'en doute