Les autorités de Hong Kong ont arrêté mercredi au moins six personnes liées au média pro-démocratie en ligne Stand News pour "publication séditieuse", dernier épisode en date de la répression exercée sur la presse locale indépendante par les autorités pro-Pékin.
Ce coup de filet survient alors que la communauté internationale s'inquiète de l'implacable reprise en main menée à Hong Kong depuis les manifestations pro-démocratie de 2019. Le Comité pour la protection des journalistes a dénoncé "une attaque ouverte contre la liberté de la presse déjà en lambeaux à Hong Kong".
La police a annoncé avoir arrêté six personnes pour "conspiration" en vue de diffuser une "publication séditieuse". Plus de 200 policiers ont mené des perquisitions au siège de Stand News dans le district de Kwun Tong et aux domiciles de plusieurs employés du média. La police a précisé avoir été autorisée par un tribunal à "chercher et saisir du matériel journalistique d'intérêt".
Un journaliste de l'AFP a vu le rédacteur en chef de la publication, Patrick Lam, être conduit menotté à l'intérieur des bureaux de Stand News.
Selon les médias locaux, la police a également arrêté l'ancien rédacteur en chef Chung Pui-kuen, ainsi que quatre anciens membres du conseil d'administration qui avaient démissionné en juin. Parmi ces derniers figurent la star de la pop cantonaise Denise Ho et l'avocate et ancienne membre du Conseil législatif de Hong Kong Margaret Ng. Les deux autres anciens membres sont Christine Fang et Chow Tat-chi.
Peu avant l'aube, Stand News a annoncé dans une vidéo en direct sur Facebook que la police était devant la porte de son rédacteur en chef adjoint Ronson Chan.
Dans la brève vidéo, les officiers informent M. Chan être en possession d'un mandat et que M. Chan devait cesser de filmer.
M. Chan, qui est également président de l'Association des journalistes de Hong Kong, a dit que son domicile avait été fouillé et que la police avait saisi chez lui du matériel informatique. Mais il n'a pas été arrêté.
"Stand News a toujours pratiqué le journalisme de façon professionnelle", a-t-il déclaré. "Les accusations criminelles ne changent rien à cela".
- Deuxième média visé -
Au moins quatre autres membres du personnel de Stand News ont vu leurs domiciles perquisitionnés.
Stand News, fondé en 2014, avait été nominé en novembre pour le Prix de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.
Pendant les manifestations antigouvernementales de 2019, plusieurs de ses journalistes avaient eu maille à partir avec la police. Dans un épisode resté célèbre, une reporter du média avait filmé en direct l'attaque ultraviolente menée par un groupe d'individus masqués contre des manifestants pro-démocratie dans une station de métro, et avait continué à filmer alors même que les assaillants s'en prenaient à elle.
Stand News était la cible ces derniers mois de vives critiques des autorités. Le responsable de la sécurité de Hong Kong, Chris Tang, l'avait récemment accusé de publier des informations "biaisées, diffamatoires et diabolisées" sur les prisons de la ville.
Il s'agit de la deuxième entreprise de presse locale à se retrouver dans le collimateur des autorités.
En juin, le journal pro-démocratie Apple Daily avait fermé après le gel de ses actifs et l'arrestation de ses principaux dirigeants en vertu d'une nouvelle loi drastique sur la sécurité nationale imposée par Pékin en juillet 2020.
Plusieurs opposants hongkongais ayant fui à l'étranger ont condamné les arrestations de mercredi.
"Le Parti communiste chinois continue à poursuivre les journalistes et les médias qui osent le contredire et dire la vérité. Les arrestations de Denise Ho et de Maraget Ng en sont de parfaits exemples", a tweeté l'opposant Nathan Law, en exil au Royaume-Uni.
"Stand News représente un des derniers vestiges du journalisme indépendant à Hong Kong et nous ne sommes pas sûrs qu'il puisse survivre à cette répression", a estimé pour sa part Brian Leung, représentant du mouvement basé aux Etats-Unis Hong Kong Democracy Council.
L'Association des journalistes de Hong Kong et le Foreign Correspondent Club, qui représentent respectivement les journalistes locaux et étrangers, se sont déclarés "profondément préoccupés".
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