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On répond à vos questions !

À quel point la situation sanitaire a-t-elle évolué ces dernières semaines en France ?

« Nous sommes encore loin de passer sous la barre des 5 000 cas par jour », a affirmé le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, lors de son point presse lundi 7 décembre. Depuis une semaine, les nouveaux cas comptabilisés ont cessé de reculer et se sont stabilisés autour de 10 000 par jour. Un conseil de défense doit se tenir à l’Elysée mercredi avant une conférence de presse du gouvernement jeudi.

Sur le site du gouvernement il est écrit qu’il y a 3 411 cas… Or hier le chiffre était de 11 022… rien de logique mais nous sommes sous la barre des 5 000 cas, non ?

Vous êtes nombreux à poser cette question. En effet, les remontées de chiffres quotidiennes sont difficiles à lire et sont à prendre avec du recul. La moyenne des derniers jours est de 10 000 nouveaux cas par jour. Le lundi est un jour particulier car il intervient après le week-end, alors que les gens vont moins se faire tester ; et les chiffres des Ehpad ne sont remontés que le mardi.

Cet objectif des 5 000 cas par jour n’a-t-il pas été fixé pour justement pouvoir serrer la vis, alors que l’on savait très bien le 24 novembre qu’il était trop bas et ne pouvait pas être atteint ? Ce n’est pas de ma faute…

On peut se demander pourquoi Emmanuel Macron a posé ce seuil des 5 000 nouveaux cas confirmés par jour pour envisager un déconfinement. Si tous les épidémiologistes ne s’accordent pas forcément sur ce chiffre spécifique, il est admis que pour permettre un suivi des contacts efficace, qui remonte réellement les chaînes de contamination en passant du temps à contacter toutes les personnes infectées par le coronavirus et faisant de la pédagogie, il faut que le nombre quotidien de nouveaux cas ne soit pas trop élevé. A ce titre, 5 000 cas par jour, qui était le taux observé en France au milieu de l’été, cela semble raisonnable.

Pour autant, il est clair que le président de la République a pris un risque politique en annonçant un début de déconfinement dès le 15 décembre, même sous conditions. Lors de cette annonce, fin novembre, la plupart des épidémiologistes, au premier rang desquels Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique, ne prévoyaient pas que l’on atteigne le seuil des 5 000 cas par jour avant la fin décembre.

Lors des premières semaines de la décrue de la deuxième vague, après le pic du 16 novembre, le taux de reproduction est passé en dessous de 0,8 et a pu laisser espérer un ralentissement rapide de la diffusion du virus. Mais depuis quelques jours, ce taux est à nouveau en hausse, ce qui signifie que les contaminations reprennent. C’est clairement un mauvais signe.

Mais le gouvernement n’a pas encore clairement annoncé quelles seraient les conséquences de cette situation et temporise, comme le montre l’intervention de Jérôme Salomon hier soir. Le gouvernement juge « prématuré » de s’inquiéter à ce stade pour les vacances de Noël.


Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, lors de son point presse lundi 7 décembre, à Paris.

©Le Monde

Le nombre de cas n’est-il pas aussi lié au nombre de personnes se faisant tester, en nette hausse depuis que le test est plus rapide, plus accessible avec des stands dans certaines villes ?

La prise en compte des données des tests antigéniques est en effet un point problématique, comme vous l’expliquait déjà Léa Sanchez dans cet article. Depuis le mois de mai, les résultats de tests PCR sont renseignés sur la plate-forme Sidep (Service intégré de dépistage et de prévention), mais les professionnels (pharmaciens, médecins et infirmiers) qui désormais peuvent proposer des tests antigéniques n’ont accès à cette base que depuis le 16 novembre. Certains syndicats faisaient d’ailleurs état d’une surcharge de la plate-forme qui les obligeait à passer par leur messagerie professionnelle. Santé publique France (SPF) passait donc par Contact Covid, une base de données qui permet à l’Assurance-maladie d’assurer le suivi des cas contacts des malades, pour remonter ces données.

Les Américains payent très chers leurs Thanksgiving. Sommes-nous sur le point de faire la même erreur avec les fêtes de fin d’année ? Si nous voulons commencer une campagne de vaccination dès janvier ne serait-il pas plus raisonnable de dire aux Français de fêter Noël chez eux cette année ?

Thanksgiving est en effet cité en exemple du rebond épidémique outre-Atlantique en ce qui concerne les fêtes de fin d’année. (…) Aux Etats-Unis, Thanksgiving a eu lieu le 26 novembre, et il est encore un peu tôt pour lire les conséquences de ces réunions familiales dans les chiffres de l’épidémie. L’immunologiste américain expliquait qu’« on n’a pas encore vu le pic de Thanksgiving », mais cet effet devrait être visible dans les chiffres dans les prochains jours.

Quelles explications existe-t-il au fait que certaines régions sont très peu touchées alors que d’autres beaucoup plus ? Est-il vraiment juste de dire que le virus circule partout ?

Le virus circule partout, surtout par comparaison avec la première vague où il était particulièrement présent dans quelques régions, dont le Grand-Est et l’Ile-de-France, et très peu actif dans d’autres, comme par exemple l’Occitanie.

Aujourd’hui, toutes les régions sont touchées, mais à des degrés divers, vous avez raison. Actuellement, les régions les plus touchées par le virus sont l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bourgogne-Franche-Comté et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il faut noter qu’en Auvergne-Rhône-Alpes plusieurs métropoles ont connu une flambée épidémique à l’automne, à l’image de Saint-Etienne, Clermont-Ferrand et Grenoble (sans compter Lyon), ce qui a beaucoup joué dans les chiffres régionaux.

L’incitation au test antigénique systématique avant toute réunion familiale n’est-elle pas une solution ? Et dans ce cas, ne risque-t-on pas un engorgement de tests le 24 décembre ?

Faire un test avant d’aller rejoindre sa famille, d’autant plus si certain·e·s de ses membres sont âgé·e·s, ou plus globalement vulnérables à l’infection par le SARS-CoV-2 (diabète, surpoids, etc.) peut sembler une bonne idée. Mais cela ne suffit pas. (…)

Les tests antigéniques, qui ont l’avantage de délivrer un résultat en quinze à trente minutes, ont une très bonne spécificité et une très bonne sensibilité, ce qui réduit les risques de faux positifs et faux négatifs. Pour autant, ils ne sont efficaces que dans une fenêtre assez resserrée, dans les quatre jours suivant les premiers symptômes du Covid-19. Si vous êtes asymptomatique, impossible de savoir à quel stade de la maladie vous êtes, et donc impossible de garantir l’efficacité du test. Le risque est que vous ne vous considériez plus contaminant alors que vous l’êtes encore. A cet égard, le test PCR est plus fiable, même si les délais sont un peu plus longs, puisque les machines sont capables de déceler des traces d’ARN du virus quelques jours avant le début de la maladie et dans la semaine qui suit.

Quand sont prévues les prochaines interventions gouvernementales sur une annonce de déconfinement ou pas, et leurs modalités ?

Le premier ministre, Jean Castex, devrait tenir jeudi 10 décembre une conférence de presse qui évoquera les assouplissements apportés au confinement initialement attendus au 15 décembre, les stratégies de dépistage et d’isolement.


Selon son entourage, Jean Castex a dressé un « constat » selon lequel « on aura du mal à atteindre l’objectif » des 5 000 cas par jour. Mais il est encore trop tôt pour savoir quelles décisions seront prises.

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