Avant même que les potentiels vaccins ne reçoivent une autorisation de mise sur le marché, de nombreux pays ont sécurisé des millions de doses.
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Tour à tour, les laboratoires qui travaillent depuis des mois sur un vaccin contre le Covid-19 dévoilent les résultats de leurs essais, à coups de communiqués triomphants. Mais avant même que ces vaccins se retrouvent sur le marché et puissent être utilisés, de nombreux pays dans le monde ont passé des commandes pour s'assurer de mettre la main sur un stock minimum de doses pour les distribuer à leur population lorsque toutes les autorisations auront été délivrées.
Selon un rapport publié en septembre par l'ONG Oxfam, un groupe de pays riches représentant 13% de la population mondiale a pré-acheté la moitié des futures doses de vaccins contre le Covid-19. La logique de ces pays est de s'approvisionner par précaution auprès de multiples fabricants concurrents, dans l'espoir qu'au moins l'un de leurs vaccins se révèle efficace, mais le rapport souligne avec urgence la difficulté qu'aura une partie de la population mondiale à trouver des vaccins dans la période initiale, alors qu'un dispositif de mutualisation internationale appelé Covax, soutenu par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), est boycotté par Washington et manque de financements.
En Europe, les Etats-membres ont laissé le champ libre à la Commission européenne pour définir la stratégie d'achat des vaccins. Au total, quatre contrats ont pour l'instant été signés. Le dernier en date : Bruxelles a annoncé le 11 novembre avoir conclu un accord avec l'Américain Pfizer et l'Allemand BioNTech prévoyant "jusqu'à 300 millions de doses" achetées. Avant Pfizer/BioNTech, la Commission européenne avait déjà signé trois contrats pour précommander d'éventuels vaccins : avec le suédo-britannique AstraZeneca et l'américain Johnson & Johnson (jusqu'à 400 millions de doses auprès de chacun), ainsi qu'avec le duo franco-britannique Sanofi-GSK (jusqu'à 300 millions de doses).
Ces livraisons n'interviendront toutefois que quand ces vaccins auront prouvé qu'ils sont sûrs et efficaces. La distribution de tout vaccin sera notamment suspendue au feu vert du régulateur, l'Agence européenne des médicaments (EMA). Quant au vaccin de Moderna, il se fait encore attendre. Mais les discussions sont en cours. Le patron de la société américaine de biotechnologie a d'ailleurs prévenu mardi les Européens que le prolongement des négociations pour acheter des doses de son vaccin contre le Covid-19 risquait de ralentir les livraisons, d'autres pays étant prioritaires car ils ont signé depuis des mois.
C'était l'un des arguments de campagne les plus récurrents chez Donald Trump. Avant sa défaite à l'élection présidentielle et encore aujourd'hui, le président américain a prédit à plusieurs reprises l'arrivée du vaccin. Et pour cause : depuis quelques mois déjà, les Etats-Unis ont mené une politique agressive d'achat de doses auprès de différents fabricants. Jusqu'à présent, six candidats vaccins ont été sollicités pour au moins 1 milliard de doses.
Le gouvernement américain va par exemple en tout et pour tout payer 1,95 milliard de dollars (1,68 milliard d'euros) pour obtenir 100 millions de doses du potentiel vaccin développé par l'alliance germano-américaine BioNTech/Pfizer. Cela s'ajoute aux 100 millions de doses déjà réservées auprès de la biotech américaine Novavax et aux 300 millions de doses requises auprès d'AstraZeneca. 100 millions de doses ont également été réservées auprès de Sanofi-GSK, ainsi qu'auprès de Johnson & Johnson. Enfin, pour 1,5 milliard de dollars, les Etats-Unis ont pris une option sur le potentiel vaccin de Moderna pour 100 millions de doses.
Ailleurs dans le monde, de nombreux pays ont également pris une option auprès de différents laboratoires. Selon le décompte du Duke Global Health Innovation Center, l'Inde devance l'Union européenne et les Etats-Unis au classement des plus gros acheteurs avec 1,6 milliard de doses commandées auprès d'AstraZeneca, de Pfizer/BioNTech et Novavax. Derrière ce trio de tête, le Canada se place en quatrième position. Ce pays de 38 millions d'habitants a commandé pas moins de 358 millions de doses auprès de sept fabricants, dont Novavax, Sanofi-GSK et Moderna. Ce pays de 38 millions d'habitants a annoncé notamment avoir pris une option sur 56 millions de doses supplémentaires du vaccin de l'Américain Pfizer et de l'Allemand BioNTech.
Alors que le Brexit doit être officiellement prononcé le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni a dû organiser sa stratégie vaccin sans l'Union européenne. Six contrats ont été signés pour un total de 350 millions de doses. 60 millions de doses ont été réservées auprès de Novavax, 100 millions auprès d'AstraZeneca, 40 millions auprès de Pfizer/BioNTech ou encore 60 millions auprès de Sanofi-GSK.
Au final, le vaccin d'AstraZeneca rencontre un certain succès auprès de plusieurs pays avec environ 2,4 milliards de doses pré-commandées. Le Japon, l'Indonésie, le Brésil, l'Australie ou encore le Chili se sont positionnés. En août, la Confédération suisse a signé un contrat avec Moderna portant sur l'achat de 4,5 millions de doses afin de garantir à la Suisse un accès rapide à ce vaccin. La biotech Moderna a, également signé des contrats avec Canada, mais également le Japon, Israël et le Qatar.
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