Un revers pour le géant chinois des télécoms. Le Conseil constitutionnel a validé ce vendredi 5 février les dispositifs législatifs « anti-Huawei » en France, contestés par SFR et Bouygues Telecom, qui vont devoir retirer les antennes Huawei de réseau mobile 5G déjà installées dans le pays.
Le Conseil constitutionnel juge que le législateur a voulu préserver les réseaux mobiles « des risques d’espionnage, de piratage et de sabotage qui peuvent résulter des nouvelles fonctionnalités offertes par la cinquième génération de communication mobile » afin de « préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale ».
« Ce faisant, ces dispositions mettent en œuvre les exigences constitutionnelles inhérentes à la sauvegarde des intérêts fondamentaux de la Nation », a ajouté dans son communiqué le Conseil constitutionnel.
SFR et Bouygues Telecom, les deux opérateurs français qui ont bâti pour moitié leur réseau mobile avec Huawei, avaient déposé des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) face au préjudice lié aux fortes restrictions imposées à l’équipementier chinois sur le marché de la 5G.
La France n’a pas interdit explicitement le matériel Huawei pour le déploiement du futur réseau mobile, mais l’Agence nationale chargée de la Sécurité informatique (Anssi) a restreint très fortement fin août les autorisations d’exploitation, conformément aux dispositifs de la loi du 1er août 2019.
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Bouygues Telecom a ainsi expliqué qu’il allait devoir retirer 3 000 antennes Huawei d’ici à 2028 dans les zones très denses en population, et qu’il avait interdiction d’utiliser des antennes Huawei pour la 5G à Strasbourg, Brest, Toulouse et Rennes.
Mais le gouvernement a indiqué début septembre qu’il n’était pas prévu « qu’il y ait des indemnisations » versées aux opérateurs « pour les décisions qui ont été prises » au sujet de Huawei, contrairement à d’autres pays. Contactés par l’AFP, Bouygues Telecom et SFR n’ont pas fait de commentaires.
Huawei, l’un des leaders mondiaux des équipements 5G, est dans le collimateur des Etats-Unis qui le soupçonnent d’espionnage potentiel au profit de Pékin. Ces accusations sont systématiquement niées par Huawei qui rappelle n’avoir jamais été pris en défaut de sécurité pendant ses trente années d’existence, tout en attribuant l’offensive dont elle fait l’objet à la volonté des Etats-Unis d’éliminer un puissant concurrent.
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L’administration de l’ancien président Donald Trump avait en effet fait pression sur les pays occidentaux alliés pour qu’ils renoncent à utiliser ses équipements.
Après le Royaume-Uni mi-juillet, la Suède est devenue fin octobre le deuxième pays d’Europe et le premier de l’Union européenne à explicitement bannir Huawei de la quasi-totalité de l’infrastructure nécessaire pour faire fonctionner son réseau 5G.
Malgré ces restrictions, Huawei a décidé d’installer dans l’est de la France un site de production d’équipements liés notamment à la technologie 5G, sa première usine de ce type hors de Chine.
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Ce site européen, qui devrait voir le jour « courant 2023 », permettra à Huawei de s’offrir un point d’ancrage sur les terres d’origine de ses deux principaux concurrents sur le marché des équipements de télécommunications, le Suédois Ericsson et le Finlandais Nokia. Avec l’objectif de produire l’équivalent d’un milliard d’euros d’équipements par an.
Implanté en France depuis 2003, le géant chinois a annoncé récemment plusieurs investissements dans l’Hexagone, dont l’ouverture d’un centre de recherche à Paris en octobre dernier, dans le cadre d’une campagne visant à démontrer sa volonté de s’y implanter durablement.
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