Les élèves doivent cracher dans une pipette. Le ministère demande aux directeurs d’école « d’encadrer » l’opération. « Scandaleux », dénoncent des enseignants. Juste du bon sens pour rassurer les enfants, se défend le ministère.
Samedi 20 février, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, annonçait qu’entre 50 000 et 80 000 tests salivaires de détection du Covid-19 seraient effectués dès cette semaine, sur la base du volontariat. « Ce sont des laboratoires qui effectueront les tests au sein des établissements. Le temps de les identifier et d’organiser tout cela, la campagne ne débutera pas avant le milieu de la semaine », précisait à Ouest-France le ministère en début de semaine .
En réalité, seules quelques écoles tests seront concernées cette semaine. « Dans l’académie de Grenoble, par exemple, une seule école est concernée. Ailleurs, quelques écoles pilotes seront testées tous les quinze jours, pour suivre une cohorte », affirme Guislaine David, la secrétaire générale du SNUipp, premier syndicat du premier degré.La divulgation hier soir d’une note adressée à un directeur d’école test du Rhône a mis le feu aux poudres sur les réseaux sociaux. On y apprend qu’un « personnel du laboratoire est présent sur chaque opération de dépistage ». Lors de la première intervention dans l’école, « il présente les modalités du dépistage et forme les personnels à la supervision du recueil des prélèvements ».
Cette notion de « supervision » interroge. Qu’entend-on par là ? La note précise : « L’encadrement de ces prélèvements est par la suite assuré par les personnels de l’Éducation nationale ou des collectivités territoriales. Les personnels supervisant l’opération devront s’assurer, outre de la bonne réalisation du prélèvement lui-même, du bon étiquetage des flacons servant au prélèvement. Ils s’assurent également que les prélèvements sont réalisés dans les conditions préconisées. »
Sur Twitter, certains appellent à « refuser » ce protocole :
Interrogé par Ouest-France, le ministère de l’Éducation nationale se veut rassurant : « Le protocole prévoit que le prélèvement se fera toujours en présence d’un personnel de l’Éducation nationale pour ne pas laisser seul un élève avec un personnel de laboratoire. » Sous-entendu : ce n’est pas aux enseignants de recueillir le prélèvement, ce qui serait du jamais vu. Le ministère précise également « qu’un personnel de santé doit être présent pour superviser l’opération. Et s’il ne peut pas l’être, des renforts (secouristes) seront prévus. »
Les médecins scolaires, qui n’ont pas été concertés, et les infirmières scolaires ont déjà expliqué qu’ils n’avaient pas les moyens de faire passer ces tests, trop occupés qu’ils sont à effectuer le contact tracing des élèves malades, pour repérer les cas contacts. Le problème de fond est là. Les enseignants devront donc donner un coup de pouce.
« C’est proprement scandaleux !!! On est donc psy, infirmier-infirmière, détecteur d’inceste et de harcèlement, islamo-gauchiste… Mais zéro investissement dans le dernier rempart de la République », fustige également sur Twitter Lysias Leprof.
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