«Environ 1,8 milliard de personnes sont exposées à un risque accru de Covid-19 et d’autres maladies», ont alerté ce lundi l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) La raison ? Ces personnes «utilisent ou travaillent dans des établissements de santé dénués des services d’eau de base». Selon le rapport conjoint des deux agences spécialisées de l’ONU, basé sur les données de 165 pays, «dans le monde, près d’un établissement de santé sur 4 n’a pas accès à l’eau». Et ce n’est pas tout : un établissement de santé sur trois ne permet pas de garantir l’hygiène des mains, un sur dix n’a pas accès à des services d’assainissement, et un sur trois ne trie pas ses déchets en toute sécurité. Or, le directeur de l’OMS rappelle que ces aménagements «sont fondamentaux pour stopper la Covid-19».
Sans surprise, les 47 pays les moins avancés (PMA) de la planète sont les plus concernés : un établissement de santé sur deux ne dispose pas de service d’approvisionnement en eau potable de base, un sur quatre n’est pas équipé d’installations pour le lavage des mains là où sont prodigués les soins.
Et trois sur cinq n’ont pas accès à des services d’assainissement de base. «Les gouvernements des pays les moins avancés rechignent souvent à investir dans les infrastructures nécessaires, elles apparaissent, à tort, comme trop coûteuses», souligne Thierry Benlahsen, directeur des opérations de Solidarités international, une ONG présente dans 18 pays qui œuvre en faveur de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Le rapport indique que le coût pour mettre en place des services d’approvisionnement en eau dans les établissements de santé des 47 PMA s’élèverait à 1 dollar par habitant. En moyenne, l’exploitation et l’entretien de ces services nécessiteraient 0,20 dollar par habitant chaque année.
«Ces investissements sont aussi trop souvent moins intéressants d’un point de vue électoral, ajoute Thierry Benlahsen. Quand des villes se développent, les autorités commencent par installer une couverture 4G et l’électricité. Il faut sensibiliser les citoyens à l’importance de l’eau pour qu’ils demandent des comptes.» Il affirme que des établissements de santé qui avaient accès à l’eau potable ont été délaissés : «Par manque d’entretien ou de réhabilitation, on se retrouve avec des hôpitaux dont les robinets ne fonctionnent plus.»
L’absence d’eau dans les centres de soin favorise «le développement de pathogènes» et «augmente les risques de comorbidité», précise Thierry Benlahsen. Mais elle complique aussi la prise en charge des épidémies, comme celle de Covid-19 : «Les centres de santé servent de modèle. C’est là où la population peut apprendre les gestes barrières tel que le lavage des mains. Comment faire sans eau ? Evidemment ça participe à la propagation des maladies.»
Alors que les professionnels de santé représentent moins de 3% de la population mondiale, ils constituent près de 14% des cas signalés de Covid-19 dans le monde, selon l’OMS. «Envoyer des professionnels de santé et des personnes qui ont besoin de traitements dans des établissements dépourvus d’eau propre, de toilettes sûres, voire de savon, met leur vie en danger», a rappelé la directrice générale de l’Unicef, Henrietta Fore. Son homologue à l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a insisté en affirmant que «travailler dans un établissement de santé sans eau, assainissement et hygiène», revenait à «envoyer des infirmières et des médecins travailler sans équipement de protection individuelle».
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