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Assassinat de Khashoggi

Le président américain a promis de défendre un «allié de longue date» mais la déclassification du rapport sur l'assassinat du journaliste pourrait compliquer les relations entre les deux pays

© FAYEZ NURELDINE / AFP

Il a pris les devants. Joe Biden s’est entretenu jeudi pour la première fois avec le roi Salmane d’Arabie saoudite, lors d’un coup de téléphone qui doit être suivi rapidement de la publication d’un rapport américain potentiellement explosif sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. La déclassification de ce rapport, qui, selon les médias américains, accuse le prince héritier Mohammed ben Salmane d’avoir commandité l’assassinat de cet opposant au régime, avait été bloquée par Donald Trump.

Joe Biden, qui a rappelé le « partenariat de longue date » et « historique » entre les deux pays alliés, a aussi « souligné l’importance que les Etats-Unis placent dans les droits humains universels et dans l’Etat de droit », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué. A cet égard, « il a relevé de manière positive la récente libération de plusieurs militants américano-saoudiens et de Mme Loujain al-Hathloul », une militante féministe. Mais il a aussi évoqué « l’engagement des Etats-Unis à aider l’Arabie saoudite à défendre son territoire face aux attaques de groupes pro-Iran ». Le roi l’en a « remercié », selon l’agence de presse officielle saoudienne SPA, qui a aussi noté que Joe Biden s’était engagé à ce que Téhéran ne soit « jamais autorisé à posséder l’arme nucléaire ».

Les deux dirigeants ont discuté des efforts américains pour mettre fin à la guerre au Yémen, où Joe Biden a stoppé le soutien de Washington à la coalition militaire dirigée par Ryad. « Le président a dit au roi Salmane qu’il oeuvrerait pour rendre les relations bilatérales aussi fortes et transparentes que possible », a ajouté la Maison Blanche.

Le communiqué ne fait pas référence au rapport du renseignement américain sur Jamal Khashoggi, qui devrait mettre en cause le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane, dit MBS, malgré les dénégations du royaume. Mais le gouvernement américain avait auparavant fait savoir qu’il serait dévoilé « très bientôt », après le coup de fil entre Joe Biden et le monarque.

Jamal Khashoggi, résident aux Etats-Unis et chroniqueur du quotidien Washington Post, critique du pouvoir saoudien, avait été assassiné en 2018 dans le consulat de son pays à Istanbul par des agents saoudiens.

Le Sénat américain, qui avait eu accès aux conclusions des services de renseignement de la première puissance mondiale, avait à l’époque jugé que le prince héritier était « responsable » du meurtre. Mais Mike Pompeo, alors secrétaire d’Etat de Donald Trump, avait lui affirmé que le rapport de la CIA ne contenait « aucun élément direct liant le prince héritier à l’ordre de tuer Jamal Khashoggi ». Et l’ex-président républicain n’avait jamais voulu blâmer publiquement Mohammed ben Salmane, pour préserver l’alliance avec Ryad, pilier de sa stratégie anti-Iran, premier exportateur mondial de pétrole brut et gros acheteur d’armes américaines.

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