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Comment expliquer un score si élevé de Jean Luc Mélenchon ?

Il aura fait encore mieux qu'en 2017. Pour sa troisième participation à une élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a obtenu environ 22 % des suffrages au premier tour du scrutin. Il fait mieux qu'en 2017 (19,6 % des suffrages) et qu'en 2012 (11 % des voix) mais échoue, de nouveau, aux portes du second tour à 400 000 voix près. En nombre de voix, le candidat de La France insoumise est crédité de 7,7 millions des suffrages contre 7,1 millions en 2017 et 4 millions en 2012. Alors comment expliquer ce bon score du député des Bouches-du-Rhône?

Une poussée importante dans les grandes villes

Bénéficiant à plein du phénomène de vote utile à gauche, Jean-Luc Mélenchon a notamment réussi des scores impressionnants dans les grandes villes. Si on prend les 10 plus grandes villes de France, il progresse dans l'ensemble de ces métropoles.

  • À Paris, il est passé de 20 % à 30 % des suffrages, soit une augmentation de 10 points en 5 ans. En nombre de voix, le différentiel est impressionnant, il passe de 211 000 voix à 317 000 voix, soit une progression de plus de 100 000 voix dans la capitale.

  • À Lyon, Jean-Luc Mélenchon talonne Emmanuel Macron. Avec 31% des suffrages et 73 000 voix, il obtient environ 20 000 voix de plus qu'en 2017 et fait 8 points de mieux qu'il y a 5 ans.

  • À Marseille, son fief électoral, Jean-Luc Mélenchon est en tête comme en 2017. Il parvient également à accroître son avance (+6 points, + 17 000 voix/2017).

  • À Toulouse, ville historiquement de gauche, il passe de 29 % à 37 % des suffrages et obtient 17 000 voix supplémentaires.

  • À Nice, fief de la droite, l'Insoumis parvient aussi à améliorer son score (de 17 à 22 %, + 5 000 voix).

  • À Nantes, ville dirigée par la socialiste Johanna Rolland, il passe devant Emmanuel Macron et gagne 10 000 voix en 5 ans en passant de 25 % à 33 %.

  • À Montpellier, ville gouvernée par le socialiste Michaël Delafosse, il réussit aussi à étendre son avance (+ 9 points, + 12 000 voix/2017).

  • À Strasbourg, ville remportée en 2020 par les écologistes, il vire en tête alors qu'il était derrière Emmanuel Macron en 2017. Il prend 12.000 voix et augmente son score de 11 points (de 24 à 35 %).

  • À Bordeaux, ville également remportée en 2020 par les écologistes, Jean-Luc Mélenchon progresse de 6 points (+ 9 000 voix).

  • À Lille, ville socialiste depuis 1955, le candidat insoumis gagne 11 points et 9 000 voix en 5 ans.


Un bond spectaculaire en Ile-de-France et dans les territoires d'Outre-mer

Région la plus peuplée de France, l'Ile-de France est la seule région de la France métropolitaine à avoir mis Jean-Luc Mélenchon en tête. Le candidat de la France insoumise fait 30,2 %, soit 1,7 million de voix. Il devance de quelques milliers de voix Emmanuel Macron. En 5 ans, le bond est spectaculaire pour le leader de la France insoumise puisqu'il progresse de 400 000 voix. Dans les Hauts-de-Seine, département aisé d'Ile-de-France, il gagne 8 points. Dans les Yvelines, il prend 6 points. Le député des Bouches-du-Rhône est en tête dans le Val d'Oise (+ 9 points), en Seine-et-Marne (+ 5 points), dans l'Essonne (+ 6 points), dans le Val-de-Marne (+ 8 points) et en Seine-Saint-Denis, l'un des départements les plus pauvres et les plus jeunes de France, où il frôle la majorité absolue (49 %, + 15 points en 5 ans et + 80 000 voix).

À Montreuil, Jean-Luc Mélenchon augmente son score de 15 points (55 %, +7 000 voix) entre 2017 et 2022. À Saint-Denis, il passe de 43 % à 61 %, soit une progression de 18 points ( + 6 000 voix). À Aulnay-Sous-Bois, il gagne 17 points (+ 5 000 voix). À Pantin, il gagne 16 points et augmente son score de 4 000 voix. Globalement, Jean-Luc Mélenchon est en tête des 37 des 40 villes du département.

En Outre-mer, Jean-Luc Mélenchon est également arrivé partout en tête à l'exception de Mayotte. En Guadeloupe, il progresse de 32 points par rapport à 2017. En Martinique, il gagne 26 points. À la Réunion, il augmente son score de 16 points.

En revanche, dans les territoires ruraux, où il avait réalisé un bon score en 2017, Jean-Luc Mélenchon est en légère baisse. C'est le cas par exemple dans l'Ariège, territoire de gauche où il était arrivé en tête en 2017. Cette fois-ci, il fait 26 % contre 27 % en 2017 et perd 1 000 voix. En Dordogne, Jean-Luc Mélenchon glisse de la 1ère à la 3e place et perd 7 000 voix (de 23% à 20%)

Un score porté par le vote utile et par les jeunes

Jean-Luc Mélenchon a bénéficié à plein du vote utile, lui qui était le mieux placé à gauche dans les sondages. Selon un sondage OpinionWay pour Europe 1 et Cnews, 50 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon disent avoir « voté utile en tenant compte des chances de chaque candidat ». C'est le cas de 11% des électeurs de Yannick Jadot, de 14 % des électeurs de Valérie Pécresse, de 15 % des électeurs d'Eric Zemmour et de 34 % des électeurs de Marine Le Pen et d'Emmanuel Macron.

« Profitant d’une dynamique remarquée de campagne, le candidat de la France Insoumise incarne le "vote utile" à gauche en récupérant 70% de son électorat de 2017 et plus d’un tiers de celui de Benoît Hamon (34%). Réputées aphones (rassemblant 32% de l’électorat seulement), "les gauches" se sont tournées vers Jean-Luc Mélenchon pour tenter d’exister au second tour, asséchant par-là les autres candidatures représentées par Yannick Jadot (4,6%), Fabien Roussel (2,3%) et Anne Hidalgo (1,7%) », précise également l'Ifop dans son analyse post-électorale.



Le vote Jean-Luc Mélenchon est également porté par le vote des moins de 35 ans où il est largement en tête, selon les données de l'Ifop. Il obtient 36 % chez les 18-24 ans contre 21 % pour Emmanuel Macron et 22 % pour Marine Le Pen, et 30 % chez les 25-34 ans contre 24 % pour Marine Le Pen et 21 % pour Emmanuel Macron. En revanche, il obtient un score faible chez les plus de 65 ans qui ont largement privilégié le chef d'Etat sortant (39 %) puis Marine Le Pen (18 %) avant lui (13%).

Jean-Luc Mélenchon est aussi en tête chez les catégories pauvres, moins de 900 euros par mois (34 % pour lui, 25 % pour Marine Le Pen et 15 % pour Emmanuel Macron), et obtient des bons scores dans les catégories modestes, entre 900 et 1 300 euros par mois, (25 %), et chez les classes moyennes inférieures, revenu de 1 300 à 1 900 euros par mois (22%). Le candidat de la France insoumise fait également un bon score chez les diplômés. Ainsi, il se classe 2e chez les personnes ayant un niveau supérieur au baccalauréat (22 % contre 32 % pour Macron et 14 % pour Le Pen).

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