Le président de la République Emmanuel Macron s’adressera aux Français ce lundi 16 août au sujet de l’Afghanistan tandis que les talibans sont sur le point de prendre le pouvoir, vingt ans après que les Américains ont envahi le pays. Le chef de l’Etat doit auparavant présider un conseil de défense en visioconférence à midi.
La France a annoncé dimanche 15 août le déploiement de renforts militaires aux Emirats arabes unis pour faciliter l’évacuation de ses ressortissants, dont l’Elysée a fait de leur sécurité une « priorité absolue ». Dans le même temps, un conseil de sécurité de l’ONU se réunira à 16 heures, heure française.
Les armées françaises ont lancé dimanche 15 août au soir l’opération d’évacuation des ressortissants français : deux avions de transport de l’armée de l’air, un C130 et un A400M, avec à leur bord du fret et des personnels doivent décoller dans la nuit et lundi matin pour la base aérienne d’Al Dhafra aux Émirats arabes unis, a indiqué le ministère des Armées.
« Le dispositif comprenant des éléments de protection, de transit aérien, d’accueil, de soutien médical et de commandement et de coordination effectuera des norias entre Abou Dabi et l’aéroport de Kaboul », ajoute le ministère. La première rotation est prévue dès ce lundi. Les ressortissants seront ensuite « transportés vers la métropole par d’autres avions de l’armée », ont précisé les autorités militaires.
Le Quai d’Orsay avait décidé dimanche 15 août dans l’après-midi de « relocaliser l’ambassade sur le site de l’aéroport de Kaboul […] pour procéder notamment à l’évacuation de l’ensemble de nos compatriotes qui se trouveraient encore dans le pays ». Les autorités françaises assurent être « en contact avec les Français qui se sont signalés » et rappellent que ces « opérations d’évacuation méthodique de nos ressortissants sont en cours depuis des semaines ».
Les Français présents en Afghanistan avaient été invités dès le mois d’avril à quitter le pays et un vol spécial avait été affrété par les autorités françaises le 16 juillet. L’Elysée a pour sa part soulignée que la « priorité immédiate et absolue dans les prochaines heures [était] la sécurité des Français ainsi que des personnels sur place, français et afghans ».
Paris fait valoir que la France est « l’un des rares pays » à avoir maintenu sur le terrain « les capacités de protéger les Afghans qui ont travaillé pour l’armée française, ainsi que des journalistes, des militants des droits de l’Homme, des artistes et personnalités afghanes particulièrement menacées » et à réaffirmer sa volonté de « continuer de mettre en protection les personnalités de la société civile afghane menacées pour leur engagement ».
« Tout est mis en œuvre actuellement pour maintenir, autant que possible, une capacité de délivrance des visas depuis l’aéroport de Kaboul », a assuré le Quai d’Orsay. Selon les autorités françaises, 625 Afghans employés dans les structures françaises présentes dans le pays et leur famille ont été accueillis depuis mai.
La France, qui a eu recours ces dernières années à des civils recrutés localement pour aider son personnel sur place, en particulier des interprètes, avait déjà organisé l’accueil de 550 personnes avec leur famille entre 2013 et 2015 et de 800 en 2018 et 2019, précise l’Elysée. A l’instar d’autres Etats européens, la France a suspendu depuis juillet les expulsions de migrants afghans déboutés de leur demande d’asile.
Le conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir à 16 heures, heure de Paris, pour débattre de la situation en Afghanistan. La Russie a dit œuvrer avec d’autres pays pour la tenue d’une réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU sur l’Afghanistan.
« Nous y travaillons », a déclaré Zamir Kaboulov, émissaire du Kremlin pour l’Afghanistan, cité par les agences de presse russes, assurant que la réunion devrait se tenir bientôt.
« La situation nécessite une intervention immédiate du conseil de sécurité de l’ONU. Il est important d’éviter une nouvelle catastrophe humanitaire et une menace accrue pour la sécurité et la stabilité dans la région », a déclaré pour sa part le président de la commission des affaires étrangères au Parlement russe, Léonid Sloutski.
Il a appelé à « intensifier les efforts diplomatiques de l’ensemble de la communauté internationale » pour stabiliser la situation en Afghanistan, pays situé près des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale que Moscou considère comme faisant partie de sa sphère d’influence. « Nous ne pouvons pas permettre la création d’un nouveau foyer de terrorisme à proximité immédiate des frontières russes et de nos partenaires », a souligné Léonid Sloutski.
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