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Jour J pour Thomas Pesquet, en route pour les étoiles

A une époque où voyager est un privilège, il est sans doute le Français le plus envié de tous. Quatre ans après sa première mission à bord de la Station spatiale internationale (ISS), l’astronaute Thomas Pesquet, 43 ans, s’apprête à passer un nouveau séjour de six mois en orbite autour de la Terre.

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Après un report pour cause de mauvais temps jeudi, le Français doit décoller ce vendredi, à 11h49 (heure en France), de Cap Canaveral, en Floride (Etats-Unis). Il sera six heures de moins sur la côte Est des Etats-Unis. C’est donc après une nuit blanche que le natif de Rouen (Seine-Maritime) s’installera dans le vaisseau aux côtés de ses coéquipiers, le Japonais Akihiko Hoshide et les Américains Shane Kimbrough et Megan McArthur. Pour une ascension qui fait écho à sa trajectoire personnelle.

En quelques années, Thomas Pesquet est parvenu non seulement à donner entière satisfaction à l’Agence spatiale européenne (ESA) qui l’a recruté en 2009, mais aussi à susciter un engouement populaire, à marquer les esprits avec ses photos de la Terre et son sens de la communication, notamment auprès des plus jeunes. Il figure actuellement en 11e position du classement des personnalités préférées des Français. « L’un de ses atouts, c’est son authenticité. Il ne triche pas, a l’air très franc et dit les choses, commente Frédéric Dabi, directeur général de l’Institut français d’opinion publique (Ifop). Il arrive à combiner deux types de proximité avec les gens, qui s’identifient à lui pour ce qu’il est et l’admirent pour ce qu’il fait. »

Bientôt commandant de la station

Ce succès d’estime ne l’aurait pas transformé ou fait dévier de ses objectifs : « Il ne change pas. Il est vif, précis, toujours curieux et puis drôle », affirme Laura André-Boyet, instructrice du Centre des astronautes européens (CAE), qui l’a formé pour ses deux missions. « Il est toujours extrêmement motivé. Il prend peut-être un peu plus de recul sur cette mission. Il a annoncé qu’il allait essayer de prendre un peu plus de temps pour lui, reste à savoir s’il va vraiment le faire ! »

D’autant qu’à l’intérieur de son casque, Thomas Pesquet va enfiler une nouvelle casquette, devenant, en deuxième partie de séjour, le commandant de la station. Il sera ainsi le premier Français et le quatrième Européen à occuper ces fonctions. Des attributions que Thomas Pesquet expliquait modestement, lors de leur officialisation en mars par l’ESA, devoir « à la place de la France dans les vols habités ». Quand prendra-t-il les commandes ? A l’automne, répond la Nasa, mais « la date exacte reste à déterminer ». Début mai, il battra le record de temps de présence d’un Français dans l’espace, détenu par Jean-Pierre Haigneré.


Confinement total


Le voyage lui-même est d’un genre nouveau. Si c’est la troisième fois que le transport d’humains vers l’ISS est confié à SpaceX, cette mission-ci l’ancre dans l’ère du réutilisable, cher au fondateur de la société américaine, Elon Musk. Ainsi, Thomas Pesquet prend place aujourd’hui dans une capsule Crew Dragon qui a déjà été envoyée dans l’espace en mai 2020, pour la mission inaugurant les vols habités de SpaceX. Le premier étage de la fusée Falcon 9 a également déjà servi. Un recyclage de véhicules qui, à en croire ses déclarations sur le sujet, n’aurait pas empêché Thomas Pesquet de dormir sur ses deux oreilles.

Pendant les vingt-quatre heures de trajet qui précéderont l’arrivée dans la station, Thomas Pesquet ne devrait effectuer qu’a minima les gestes maintes fois répétés lors de sa préparation. La Nasa a décidé que ce Crew Dragon, américain, ne devait être pour l’instant piloté que par ses astronautes. Le Frenchie, comme son collègue japonais, n’interviendra donc qu’en cas de difficultés. Dans ce rôle, « on n’a pas de bouton à pousser la plupart du temps », regrettait-il lors de la conférence de l’ESA en mars.



Le vaisseau devrait s’arrimer à l’ISS vers 11h10, samedi. Là-haut, le Français effectuera une centaine d’expériences dans un temps toujours compté. Quand il le pourra, il partagera quelques bons petits plats concoctés par Thierry Marx avec le reste de l’équipage. Pendant cinq jours, ils seront 11 à peupler la station, puis sept, dans une maison spatiale équivalente à un six-pièces. Un volume habitable de précisément 388 m3, car en impesanteur, on se déplace aussi à la verticale. Chance inouïe de voler… Qui imposera à Thomas Pesquet deux séances de sport par jour pour ne pas voir ses muscles fondre.

S’il ne s’inquiète pas pour sa forme physique, il a confié lors de sa dernière conférence de presse, lundi, s’attendre à une mission mentalement « plus difficile » que la première, après des mois de restrictions terrestres liées à la pandémie de Covid-19.

Hormis une probable sortie dans l’espace, c’est bien un confinement total, sans dérogation, qui l’attend, après des mois d’entraînements intensifs, loin de sa famille. « On sait que les astronautes sont des héros, mais pas des héros comme on nous les montre. Ils sacrifient souvent leur vie, leur santé, pour certains leur famille, pour améliorer la vie de l’humain sur Terre », rappelle Laura André-Boyet.

Quand Le Parisien Week-End lui demandait la semaine dernière si son métier a contrarié un projet d’enfant, Thomas Pesquet ne s’attardait pas sur ce « choix de couple ». « On n’a jamais eu tellement le temps, ni l’envie irrépressible d’en avoir », se borne-t-il à dire. La dessinatrice Marion Montaigne, qui lui a consacré une BD lors de sa première mission, se souvient toutefois que Thomas Pesquet l’encourageait à y aller « franco » sur les exigences du métier : « Il voulait montrer que ce n’est pas anodin d’aller dans l’espace. Les astronautes sont très fiers, mais ils le vivent dans leur chair. » L’homme nourrit un rêve qui suffit certainement à le motiver : partir un jour pour la Lune et pour Mars.

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