La télévision publique biélorusse a diffusé jeudi 3 juin des déclarations filmées dans lesquelles le journaliste d’opposition Roman Protassevitch, arrêté récemment après le détournement de son avion, reconnaît sa culpabilité et dit vouloir corriger ses erreurs. Ces aveux ont été filmés « sous la menace », dénonce son père, tout comme l’ONG de défense des droits humains Viasna.
Ancien rédacteur en chef du média d’opposition Nexta, qui a joué un rôle clé dans le mouvement de contestation historique en Biélorussie en 2020, Roman Protassevitch, visiblement mal à l’aise, affirme avoir appelé à des protestations contre le régime et assure respecter le président Alexandre Loukachenko.
Le journaliste de 26 ans affirme également vouloir corriger ses erreurs et mener une vie tranquille, loin de la politique.
Le père du journaliste, Dmitry Protassevitch, a estimé que ces aveux télévisés étaient le résultat de « violences, de tortures et de menaces » :
« Je connais très bien mon fils et j’ai la conviction qu’il ne dirait jamais des choses pareilles. »
Quelques heures avant la diffusion de l’entretien, l’ONG de défense des droits humains Viasna avait elle aussi dénoncé des propos obtenus « sous la menace ».
« Tout ce que dira [Roman] Protassevitch aura été obtenu après des menaces, psychologiques au minimum, et sous la menace d’accusations injustes mais très graves dont il est l’objet », avait ainsi déclaré jeudi matin le directeur de Viasna, Ales Beliatski. « Quoi qu’il dise maintenant, c’est de la pure propagande qui n’a aucune part de vérité », avait-t-il poursuivi.
Face à la dictature, la solitude des Biélorusses
Roman Protassevitch a été arrêté le 23 mai avec sa compagne russe de 23 ans, Sofia Sapega, après l’atterrissage non prévu de leur avion de ligne de la compagnie Ryanair à Minsk, la capitale de Biélorussie, alors qu’il était parti d’Athènes et devait atterrir à Vilnius en Lituanie.
Les autorités biélorusses ont justifié le déroutage de l’avion, qui survolait leur territoire, par une alerte à la bombe.
Cette affaire a suscité un tollé international et l’annonce de nouvelles sanctions contre le Bélarus, l’opposition et les capitales occidentales dénonçant un subterfuge du régime d’Alexandre Loukachenko pour arrêter l’opposant.
En Biélorussie, Roman Protassevitch est poursuivi pour « organisation » d’émeutes, un crime passible de quinze ans de prison.
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Au lendemain de l’arrestation de l’opposant, alors que des médias indépendants s’inquiétaient de son état de santé, les autorités biélorusses avaient diffusé une vidéo de Roman Protassevitch dans laquelle ce dernier disait être « passé aux aveux ».
Son amie russe, Sofia Sapega, est également apparue dans une vidéo où elle avoue des crimes.
A chaque fois, l’opposition a dénoncé des enregistrements obtenus sous la contrainte, une pratique utilisée de longue date par le régime d’Alexandre Loukachenko.
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