26 février 1885
Il y a 136 ans
Le 26 février 1885 prend fin la conférence de Berlin sur l'Afrique. Considéré par les Européens comme une terre sans maître, l'immense continent noir est partagé comme une vulgaire tarte aux pommes... sans que les habitants, pas plus que les pommes, aient leur mot à dire.
Une dizaine d'années plus tôt, le roi des Belges Léopold II a organisé à ses frais une conférence de géographie à Bruxelles en vue de faire le point sur l'exploration de l'immense bassin du Congo (ou Zaïre), au centre de l'Afrique équatoriale.
Presque aussi vaste que les Indes, il est l'un des rares espaces de la planète encore libres de toute ingérence européenne.
Le roi songe à rien de moins que de s'approprier et coloniser ce territoire considéré comme terra nullius (« terre sans maître »). Mais les Français, installés à l'embouchure du Congo, ont aussi des visées sur lui, à commencer par Savorgnan de Brazza qui a conclu le 10 septembre 1880 un premier traité avec un chef de la rive droite du fleuve.
Plus au sud, les Britanniques et les Portugais sont en bisbille à propos de l'arrière-pays des implantations portugaises d'Angola et du Mozambique. Ces implantations médiocres contrarient le projet britannique de relier Le Cap au Caire par un ensemble continu de colonies...
Pour ne rien arranger, les Allemands eux-mêmes commencent à s'intéresser à l'Afrique noire, avant tout pour des questions de prestige. Le 24 février 1884, le Reich place sous sa protection les implantations allemandes du Sud-Ouest africain.
Tout juste deux jours plus tard, le gouvernement de Londres signe avec Lisbonne un traité par lequel il reconnaît la souveraineté du Portugal sur l'embouchure du Congo. Tollé chez les marchands anglais et protestations de Léopold II.
Le 24 avril 1884, le chancelier Bismarck s'entretient de l'Afrique avec l'ambassadeur de France Alphonse Chodron de Courcel et, pour la première fois, évoque une concertation internationale sur le sujet afin de mettre tout le monde d'accord.
Après le succès du congrès de Berlin sur les Balkans, en 1878, il ne déplaît pas au chancelier de replacer Berlin au coeur de la diplomatie européenne et mondiale.
C'est ainsi que s'ouvre la conférence, le samedi 15 novembre 1884. Y participent les représentants des puissances directement concernées par le Congo : l'Allemagne, l'Angleterre, la France et le Portugal...
D'emblée, les participants, à commencer par Bismarck, se fixent de nobles objectifs comme le désenclavement du continent africain ou l'éradication de l'esclavage et de la traite musulmane.
Le représentant anglais prévient qu'il ne sera pas plus question de traiter du bassin du Niger, domaine réservé de l'Angleterre, que de celui du Sénégal, domaine réservé de la France. L'attention se focalise donc sur celui du Congo, pompeusement qualifié par Bismarck de « Danube de l'Afrique ».
La lettre d'invitation à la conférence prévoyant de traiter des « nouvelles occupations sur les côtes d'Afrique », les Anglais proposent d'édicter aussi des règles pour l'intérieur ! Mais l'ambassadeur de France fait observer que cela reviendrait à un partage de l'Afrique, ce qui n'est pas l'objet de la conférence ! Dont acte.
Après trois mois et demi, l'« acte général » de la conférence définit des zones de libre-échange dans le bassin du Congo. Il proclame la liberté de navigation sur les grands fleuves africains, le Niger et le Congo. Il arrête aussi quelques principes humanitaires contre la traite des esclaves ainsi que le commerce de l'alcool et des armes à feu. Enfin et surtout, il reconnaît à Léopold II, roi des Belges, la possession à titre privé d'un vaste territoire au coeur de l'Afrique noire, qui sera baptisé « État indépendant du Congo » !
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