Le 22 mars 1798
Il y a 223 ans
Le 22 mars 1798, les révolutionnaires français transforment la Suisse en une « République Helvétique » unitaire sur le modèle de la Grande Nation (la France). C'en est fini de l'ancienne Confédération helvétique, établie depuis 500 ans. Sa neutralité garantie par les traités de Westphalie (1648) n'est plus qu'un souvenir.
Au XVIIIe siècle, la Confédération est constituée de treize cantons souverains ainsi que de leurs alliés et de leurs sujets. Les cantons restent jaloux de leurs prérogatives. Ils sont seuls habilités à lever l'impôt, à armer des troupes, à frapper monnaie.
Les villes sont prospères avec déjà une horlogerie et un secteur bancaire très actifs mais derrière une façade de démocratie, les oligarchies constituées par quelques familles patriciennes ont confisqué le pouvoir, notamment dans les cantons de Berne, Bâle et Zurich.
Les traités ont accordé aux Suisses des privilèges d'établissement en France d'où une émigration particulièrement importante qui va donner aux événements parisiens et aux idées révolutionnaires un retentissement immédiat en Suisse.
Lorsque les Français s'engagent en 1789 dans la Révolution, les paysans suisses s'insurgent contre de vieux droits féodaux qui n'ont plus de contrepartie véritable. Dans les villes où la censure est la règle, des feuilles révolutionnaires circulent sous le manteau et des clubs se constituent sur le modèle français.
Il se crée un « Club helvétique » à Paris et, en 1792, Étienne Clavière, un Genevois émigré après les échecs des tentatives populaires à Genève, devient ministre des finances de la Convention. Marat lui-même est un médecin neuchâtelois dont les talents de publiciste enragé ont fait un martyr après son assassinat à Paris en 1793.
Cinq ans plus tard, sous le Directoire, les troupes françaises entrent en pays bâlois et à Bienne. Une République Lémanique est proclamée par insurrection populaire à Lausanne les 23-24 janvier 1798. L'agitation s'étend : révolte paysanne à Bâle, insurrections dans le pays de Vaud... et convainc la France d'en finir. Mulhouse, la région de Delémont et la république de Genève sont annexés à la Grande Nation (la France).
Le Directoire s'étant déterminé à abolir l'ancienne Confédération, il charge le Bâlois Ochs de rédiger une Constitution selon l'air du temps :
• La capitale est fixée en alternance à Aarau, Lucerne et Berne, un drapeau tricolore (vert, rouge et jaune) est institué, les principes révolutionnaires sont adoptés.
• Le nouvel État se veut une République une et indivisible, avec institution d'une nationalité suisse, suppression des douanes intérieures, unification des monnaies et des unités de mesure...
• De nouveaux cantons sont créés pour constituer des entités de statut identique et de taille comparable, d'autres sont regroupés (Waldstätten, Säntis), les anciens statuts de territoires alliés et sujets sont supprimés.
Mais de 1800 à 1802, pas moins de quatre coups d'État vont ébranler la jeune République. Le Premier Consul Napoléon Bonaparte met un terme à cette expérience unitaire en abolissant la République et en restaurant une Confédération par l'Acte de médiation.
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