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Louis XV à Fontenoy

Le 11 mai 1745

Il y a 276 ans

Le 11 mai 1745, à Fontenoy, dans le Hainaut belge, près de Tournai, les Français, sous le commandement du maréchal Maurice de Saxe, battent une coalition anglo-austro-hollandaise. La bataille, décisive quant à l'issue de la guerre de la Succession d'Autriche, se déroule en présence - fait rarissime - du roi Louis XV et de son fils, le Dauphin (15 ans), futur père de Louis XVI.

Cinq ans plus tôt, la mort de l'empereur Charles VI et la montée de sa fille Marie-Thérèse sur le trône autrichien ont jeté les grandes puissances européennes dans la guerre, avec des alliances à direction variable. Allié de l'Électeur Charles-Albert de Bavière, le roi Louis XV lance ses troupes sur les Pays-Bas autrichiens (la Belgique actuelle).

Maurice de Saxe, qui commande l'armée, entreprend le siège de Tournai. Mais les armées alliées, sous le commandement duc de Cumberland, troisième fils du roi d'Angleterre George III, tentent de le prendre en tenaille.

Le maréchal n'a d'autre solution que de livrer bataille. Le roi Louis XV et le Dauphin, devant l'importance de l'enjeu, décident de le rejoindre le 8 mai 1745 pour stimuler l'ardeur des combattants.

Guerre en dentelles ou bataille de chiffonniers ?

Fontenoy est demeurée dans les mémoires grâce à un bon mot rapporté par Voltaire, qui a écrit quelques années plus tard un ouvrage de commande sur la bataille...

Si l'on en croit le philosophe, les Anglais s'approchent à cent pas de la ligne française. Leurs officiers mettent le chapeau à la main et saluent les officiers des gardes françaises qui se découvrent à leur tour, dans une scène qui évoque irrésistiblement la « guerre en dentelles ». Ensuite, Charles Hay, capitaine des gardes anglaises, s'avance et, s'adressant au comte d'Anteroche, lieutenant des gardes françaises : « Monsieur, faites tirer vos gens ». À quoi l'autre répond : « Non, Monsieur, nous ne commençons jamais ». Après un dernier salut, les officiers rentrent dans leur rang et le feu anglais commence, meurtrier...

La réalité est très différente. Aux 40 000 Français s'opposent 55 000 alliés.

Dès le 9 mai, le maréchal de Saxe a habilement choisi le terrain et disposé ses troupes sur une ligne brisée, face à une petite plaine au bord de l'Escaut. Le duc de Cumberland dispose ses hommes de façon classique en ligne mince face aux Français.

La bataille commence dès la dissipation des brumes matinales par une canonnade de deux heures. Ensuite monte à l'attaque l'infanterie alliée.

Suite à l'échec de plusieurs attaques ciblées, Cumberland ordonne une attaque en masse, sous la forme de trois grosses colonnes qui mêlent l'infanterie, la cavalerie et l'artilleries. L'ensemble se resserre en arrivant au contact des Français, vers midi.

Là se déroule le dialogue rapporté par Valfons. Il s'agit d'une fausse politesse car le premier qui tire se trouve aussitôt démuni face à l'assaillant... Les combattants se jettent dans une mêlée furieuse et sanglante. Les Français semblent fléchir et plusieurs officiers, autour du roi et du maréchal, évoquent une possible retraite.

Mais le maréchal de Saxe fait alors la démonstration de son talent de stratège.

Ayant mesuré la fragilité de la grosse colonne ennemie, il la stoppe par l'utilisation à bout portant de quatre canons puis lance plusieurs attaques coordonnées sur ses flancs. Parmi les assaillants s'illustrent la maison du roi emmenée par le duc de Richelieu et l'infanterie irlandaise de Löwendal.

En un quart d'heure, la colonne, assaillie de tous côtés, ploie sous un déluge de fer et de feu. C'est en définitive aux Français que revient la victoire, l'une des dernières en date de l'Ancien Régime.

Au bilan, on compte 8 000 morts chez les Anglais, 2 000 chez les Hollandais et 3 000 chez les Français. Le maréchal de Saxe dédaigne de poursuivre l'ennemi et reprend le siège de Tournai qui tombe trois semaines plus tard.

Le soir de la bataille, comme le Dauphin manifeste une joie débordante à l'évocation des combats, son père l'admoneste avec une sagesse inaccoutumée : « Voyez tout le sang que coûte un triomphe. Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes. La vraie gloire, c'est de l'épargner ».

Un traité chahuté

Sitôt après le Te Deum célébré à Paris le 20 mai suivant, le maréchal de Saxe reçoit en récompense de ses exploits à Fontenoy le domaine de Chambord et le droit de pénétrer à Versailles en carrosse. Lui-même ne s'en soucie guère et poursuit ses opérations.



Il conquiert toute la Flandre, obtient la reddition de Bruxelles le 21 février 1746, un exploit sans précédent dans l'Histoire de France qui vaut au héros la dignité de maréchal général, que n'avaient eu avant lui que Turenne et Villars.

Mais ses victoires seront gâchées par le traité de paix qui, à Aix-la-Chapelle, le 8 octobre 1748, mettra un terme à la guerre de la Succession d'Autriche : le roi Louis XV, en effet, n'en tirera aucun avantage pour la France.

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