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Notre-Dame de Paris : «La zone chantier possède encore des taux de plomb très élevés»

Nouvelle donne dans l’affaire de la pollution au plomb de Notre-Dame de Paris, sur laquelle Libération a enquêté. Après l’incendie du 15 avril 2019, qui a provoqué la dispersion d’importantes poussières de plomb, une plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui a été déposée ce mardi auprès du procureur de la République par la CGT Paris, l’association Henri Pézerat (qui apporte son soutien aux luttes pour la santé en rapport avec le travail et l’environnement) et deux familles de riverains, l’une dont les enfants ont présenté des taux de plomb élevés dans le sang et l’autre dans l’école ou chez l’assistante maternelle où restaient les enfants. Annie Thébaud-Mony, présidente de l’association et directrice de recherche honoraire à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), espère l’ouverture d’une enquête préliminaire.

Notre dame de paris
Image par ian kelsall de Pixabay

Pourquoi déposer plainte seulement maintenant ?


Nous savions que les conditions sur le chantier n’étaient pas satisfaisantes et nous avons attendu d’avoir suffisamment de preuves pour aller devant la justice. On connaissait les taux de plomb autour de Notre-Dame mais on ne savait pas ce qui se passait sur le chantier. Après avoir saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) et le tribunal administratif, nous avons obtenu en juin dernier une série de courriers de la Caisse régionale d’assurance maladie et de l’inspection du travail adressés aux responsables d’entreprises du chantier, à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et à l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris (EPRNDP). Des courriers qui témoignent d’infractions continuelles aux prescriptions du code du travail en matière de risques cancérogènes, mutagènes et toxiques concernant le plomb. Pas d’évaluation des risques, pas d’équipements de protection individuelle, pas de formation ni d’information sur le risque plomb… Ce sont ces mêmes documents qui ont servi au préfet de région pour suspendre les travaux de rénovation en juillet 2019.



Ces courriers font-ils également référence aux taux de plomb sur la zone chantier de la cathédrale ?

Nous n’avons pas obtenu le détail de tous les prélèvements mais ces documents signalent que la zone chantier possède encore des taux de plomb très élevés et supérieurs à ceux de la zone hors chantier. Mais surtout, nous avons pu constater que si notre revendication d’un confinement initial, assorti d’une décontamination préalable à tous travaux, avait été entendue — et c’était techniquement possible — travailleurs et riverains auraient été protégés de cette contamination massive au plomb.



Qu’espérez-vous avec le dépôt de cette plainte ?

Nous souhaitons que l’impunité récurrente de ceux qui ont pris la décision de ne pas respecter la réglementation soit brisée. On veut aussi que cette plainte remette en cause la décision de reconstruire à l’identique la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) s’est d’ailleurs prononcé pour l’interdiction de l’utilisation de plomb laminé dans les nouvelles constructions et il n’est pas acceptable que les autorités publiques recommencent. Par ailleurs, nous espérons que cette plainte remettra dans le débat public la nécessité d’un suivi sanitaire pour les travailleurs, les riverains et les enfants exposés. Ils sont victimes d’une situation qui n’aurait jamais dû arriver.


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