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Procès de Nordahl Lelandais : quelles sont les affaires où le nom du tueur présumé de Maëlys et Arth

De nombreux "cold cases" ont vu leur enquête relancée afin de trouver un éventuel lien avec l'ancien militaire.

©France info

Que cache encore Nordahl Lelandais ? Depuis sa mise en examen pour le meurtre de Maëlys, le 30 novembre 2017, puis du caporal Arthur Noyer, le 20 décembre de la même année, le nom de cet ancien maître-chien de 38 ans continue d'être étudié dans de nombreux cold case.


Une cellule spécialisée baptisée Ariane a ainsi été créée au sein du service central du renseignement criminel de la gendarmerie en janvier 2018 pour effectuer des recoupements entre 900 affaires non élucidées (disparitions ou morts suspectes) et le parcours du tueur présumé.

Un an après, en février 2019, les enquêteurs ont annoncé qu'une "quarantaine" de dossiers avaient été sélectionnés, dans lesquels l'implication de Nordahl Lelandais devait encore être examinée, de manière plus approfondie. La cellule a depuis été clôturée et ces dossiers ont été transférés aux juges d'instruction compétents. Franceinfo recense les principaux.


Les affaires où il est mis en examen

La mort de Maëlys De Araujo. Cette fillette de huit ans disparaît le 27 août 2017 vers 3 heures du matin lors d'un mariage dans la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin (Isère). Rapidement suspecté, Nordahl Lelandais, alors âgé de 34 ans, est mis en examen pour "enlèvement" le 3 septembre. Une trace d'ADN de Maëlys est découverte dans sa voiture. Le 30 novembre 2017, les photos d'une caméra montrent le suspect partir du mariage avec l'enfant et revenir sans elle. Il est alors mis en examen pour "meurtre".

Le 14 février 2018, après la découverte d'une tache de sang dans sa voiture, il admet avoir tué Maëlys, "involontairement" selon lui, et conduit les enquêteurs jusqu'à son corps, à Domessin (Savoie), près du domicile de ses parents. Fin 2018, le témoignage d'un co-détenu, selon lequel l'ancien militaire lui aurait confié avoir violé la fillette avant de la tuer, est versé au dossier. L'enquête est officiellement terminée depuis le 18 février 2021, ouvrant la voie à un procès qui pourrait se tenir début 2022.

La disparition d'Arthur Noyer. En décembre 2017, l'examen des déplacements du téléphone de Nordahl Lelandais dans l'enquête sur la disparition de Maëlys révèle qu'il voyageait avec un jeune chasseur alpin, le caporal Arthur Noyer, 23 ans, lorsque ce dernier a disparu près de Chambéry, dans la nuit du 11 au 12 avril 2017. Au terme de deux jours de garde à vue, Nordahl Lelandais est mis en examen pour "assassinat" le 20 décembre. Le suspect admet alors l'avoir pris en stop mais nie toute implication dans sa mort.

En mars 2018, les enquêteurs conduisent Nordahl Lelandais sur les lieux de la découverte d'un crâne, attribué au disparu, à une vingtaine de kilomètres de Chambéry. Là, le suspect reconnaît avoir tué le caporal Noyer et évoque une bagarre qui aurait entraîné une "chute" mortelle. En février 2020, le parquet de Chambéry requiert son renvoi devant les assises pour "meurtre", excluant la préméditation. C'est ce procès qui s'ouvre le 3 mai.

Des agressions sexuelles sur trois cousines. Dans le cadre de l'affaire Maëlys, l'analyse des téléphones de Nordahl Lelandais fait naître, en juin 2018, un soupçon d'agression sexuelle sur une petite cousine de six ans. Les faits auraient eu lieu une semaine avant le meurtre de Maëlys De Araujo. Une vidéo montre la fillette subissant des attouchements d'une main qui pourrait appartenir à l'ancien militaire. En juillet 2018, il est ainsi mis en examen pour agression sexuelle.

Cinq mois plus tard, Nordahl Lelandais est de nouveau accusé d'agression sexuelle sur une deuxième cousine et filleule, âgée de quatre ans au moment des faits. L'agression, qu'il a également filmée, aurait été commise au cours de l'été 2017. Nordahl Lelandais reconnaît ces deux agressions sexuelles.

En février 2020, nouvelle mise en examen de l'ancien militaire : il est accusé d'agression sexuelle sur une troisième cousine. Les faits auraient été commis en mars 2017 alors que la jeune fille avait 14 ans. Dans une vidéo diffusée par BFMTV, la victime a confié avoir subi, le jour de l'enterrement de son père, des attouchements de la part de Nordahl Lelandais.




Les enquêtes où un lien est étudié

La mort de Thomas Rauschkolb. Cet adolescent de 18 ans est retrouvé mort, le 28 décembre 2015, au bord d'une rivière, après avoir passé la soirée dans une discothèque de Grésy-sur-Aix (Savoie). L'enquête conclut, en octobre 2017, à une chute accidentelle. Mais ses parents sont convaincus que leur fils a été victime d'un homicide. Le 15 octobre 2019, leur avocat Bernard Boulloud dépose plainte contre X pour "meurtre". Mais c'est bien Nordahl Lelandais qui est visé.

Car cette plainte est déposée après la publication dans Le Parisien d'une interview de l'ex-compagne du maître-chien, dans laquelle elle évoque le "dossier du jeune Thomas Rauschkolb". Le père de la victime affirme que son fils "semblait fuir quelque chose ou quelqu'un". Il est parti de la discothèque sans sa veste "alors qu'il faisait 5 °C degrés", dans une direction opposée à son domicile. "On le voit courir sur une séquence vidéo dans le dossier, il a même perdu une basket, qu'on n'a d'ailleurs jamais retrouvée", précise à franceinfo Bernard Boulloud. Le corps de Thomas Rauschkold a en outre été retrouvé dans un cours d'eau, en contrebas d'un jardin, après avoir franchi deux palissades, "dont une sur laquelle il a laissé sa ceinture".

Malgré ces éléments, l'enquête a été classée sans suite. Le 9 mars dernier, un juge d'instruction de Chambéry a décidé de faire exhumer le corps du jeune homme en vue de réaliser une autopsie, toujours en cours. "Elle pourra peut-être révéler des fractures, savoir s'il a reçu un coup sur la tête", détaille l'avocat de la famille. "Ce n'est peut-être pas Lelandais, c'est peut-être un accident, mais il faut vérifier", conclut-il. Une photo reçue sur Facebook par le père de Thomas Rauschkolb entretient également le doute : on y voit Nordahl Lelandais fréquenter cette discothèque de Grésy-sur-Aix trois ans avant les faits.

Les disparus du fort de Tamié. C'est un double-mystère : Jean-Christophe Morin et Ahmed Hamadou se sont volatilisés lors du même festival de musique électronique, à un an d'intervalle. Le premier est aperçu pour la dernière fois par un témoin, dans la nuit du 9 au 10 septembre 2011, vers 3 heures du matin, en train de quitter la deuxième édition du festival Elements, au fort de Tamié (Savoie). Selon France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, il s'est semble-t-il montré inquiet au moment de son départ de la soirée : "Quelqu'un m'en veut", affirme-t-il. Trois jours plus tard, sa petite amie et sa grande sœur, sans nouvelles, signalent sa disparition. Une battue est organisée. En vain. Seul son sac à dos est retrouvé fin septembre, près du fort. Un an plus tard, le 8 septembre 2012, sa famille se rend au festival pour y installer "un barnum avec des avis de recherche sur un parking où se garent les amateurs d'électro", relate Marianne. Ce jour-là, un autre homme disparaît : Ahmed Hamadou, 45 ans.

Les enquêtes sur ces deux disparitions, traitées par des gendarmeries différentes, ont tous les deux été closes. Mais plusieurs éléments interpellent les familles, à commencer par la localisation du fort de Tamié, à 80 km de Domessin, où résidait Nordahl Lelandais avec ses parents, avant son arrestation. "Ce lieu [le fort de Tamié] est réputé pour sa consommation de stupéfiants. Il y a de grandes chances que Lelandais soit passé par là", estiment les avocats des familles, Didier Seban et Corinne Herrmann, dans les colonnes de L'Obs. Ahmed Hamadou résidait par ailleurs à Pont-de-Beauvoisin, commune où Nordahl Lelandais a enlevé et tué Maëlys. Et selon son cousin, interrogé par France 3, les deux hommes se connaissaient "de vue". L'avocat Didier Seban précise aussi à franceinfo que "plusieurs personnes ont cru voir Lelandais. Donc l'hypothèse qu'il ait pu être là les soirs des deux disparitions reste ouverte. On attend que les enquêteurs vérifient." En octobre 2020, un crâne a été retrouvé par un promeneur à proximité du fort de Tamié. Il pourrait s'agir de celui d'Ahmed Hamadou.

Deux "cold cases" dans la Drôme. Un soir d'août 2011, Nelly Balmain, 29 ans, quitte le domicile de ses parents à Saint-Jean-en-Royans avec son scooter. Le lendemain, ses parents, sans nouvelles de leur fille, alertent la gendarmerie qui entame alors des recherches. Mais les indices sont minces : la jeune femme est partie sans son portable et sans aucun moyen de paiement. D'importantes fouilles sont lancées et les parents multiplient les recherches. En vain. Aucune trace de la jeune femme, ni de son scooter, ne sont retrouvées. Faute de preuves, son dossier est fermé en 2015.

Cinq ans plus tard, en septembre 2016, Eric Foray, 47 ans, disparaît à son tour alors qu'il était parti faire ses courses, à une trentaine de kilomètres du domicile des Balmain. Cet ancien représentant en vins est aperçu sur les caméras de surveillance d'un supermarché, puis d'une boulangerie avant de se volatiliser. Les gendarmes diffusent un avis de recherche, ses proches se sont mobilisés des semaines durant. "Je ne peux pas croire qu'il soit parti de son plein gré. Il n'avait que 60 euros en poche, et depuis sa disparition il n'y a aucun mouvement bancaire sur le compte", confie son compagnon, Régis Pique, à France Bleu Drôme, deux semaines après sa disparition.

En avril 2018, le parquet de Valence rouvre les enquêtes sur ces deux disparitions pour se pencher sur la piste de Nordahl Lelandais. Leur avocat, Bernard Boulloud, porte plainte contre X et la gendarmerie lance deux appels à témoins en juin 2018. "Ce que l'on cherche, c'est le petit détail qui va faire la différence", commente le général Jean-Philippe Lecouffe, sous-directeur de la police judiciaire de la gendarmerie nationale.

La disparition de Malik Boutvillain. Le 6 mai 2012 au matin, Malik Boutvillain, 31 ans, quitte son domicile d'Echirolles (Isère) sans argent, ni téléphone portable, ni papiers d'identité et part faire son footing. Cet homme, diagnostiqué schizophrène, est intégré socialement. "Il avait préparé ses papiers pour aller voter, c'était la veille de l'élection de François Hollande, il est sorti faire un jogging avec ses clés dans la poche, ça n'a rien d'une disparition volontaire", estime Bernard Boulloud, l'avocat de la famille Boutvillain, sur BFMTV. L'affaire est classée sans suite en 2014. Début 2018, une plainte contre X est toutefois déposée par l'avocat, permettant la réouverture de l'enquête et l'éventualité d'un lien avec Nordahl Lelandais.

La disparition d'Adrien Fiorello. Le 6 octobre 2010, cet étudiant de 22 ans part à la fac de droit de Saint-Etienne (Loire) à 15 km de chez lui. Mais il ne revient jamais. Son dossier fait l'objet d'une "attention particulière" des policiers de la cellule Ariane, selon Le Parisien. Car Adrien Fiorello "aurait fréquenté des établissements prisés de la communauté homosexuelle, ce qui intéresse les enquêteurs puisque Lelandais a eu des relations avec des hommes", écrit le quotidien, qui précise que le téléphone de la victime "a par ailleurs été localisé à Chambéry, ville où résidait cette année-là le suspect".

La disparition de Nicolas Suppo. Janine et Yves Suppo sont sans nouvelles de leur fils Nicolas depuis 2010. Ce jeune homme de 30 ans a quitté son entreprise d'Echirolles (Isère) lors de sa pause déjeuner le 15 septembre. Ses collègues ne l'ont jamais revu. Il est parti sans ses papiers d'identité, sans carte bleue, sans vêtement. Depuis, son père a pris l'habitude de sillonner la région à bord de son camping-car, à la recherche du moindre indice. Après un premier classement sans suite et un non-lieu en 2014, le dossier a été rouvert en 2018 suite à une plainte de ses parents pour "enlèvement, séquestration et meurtre". "Domessin où habite Lelandais est à une cinquantaine de kilomètres d'Echirolles. Je veux savoir si mon fils a pu le croiser !" justifie son père sur France Bleu.

La disparition de Stéphane Chemin. Le 24 septembre 2012, Stéphane Chemin, 33 ans, disparaît à Bourg-d'Oisans. Placé sous curatelle et traité pour schizophrénie depuis une dizaine d'années, il est en phase de crise lors de sa disparition. Sa famille n'a plus de nouvelles depuis. Sa mère s'est dite "surprise" de voir cette affaire figurer sur la liste de la cellule Ariane tout en disant ne pas trop y croire. "Après, s'ils font avancer l'enquête et ferment quelques portes, ce sera déjà bien", explique-t-elle au Parisien. Comme pour Nicolas Suppo et Malik Boutvillain, l'enquête sur sa disparition a été rouverte par le procureur de Grenoble en 2018.

La disparition de Georgette Bonnet. Cette retraitée de 79 ans se promenait dans le massif de Belledonne lorsqu'elle est disparue. Comme l'explique France 3, "l'hypothèse privilégiée jusqu'ici était l'accident de montagne, mais le lieu présumé de la disparition de la septuagénaire se trouve non loin de la zone d'enquête autour de Nordahl Lelandais". Cette affaire fait partie des quatre enquêtes rouvertes en février 2018 par le procureur de Grenoble.

La disparition de Coralie Moussu. Le corps de cette mère de famille disparue en novembre 2009 à Vénéjan (Gard) a été retrouvé un an plus tard dans le Rhône. "Le parquet de Nîmes a écrit fin janvier au juge d'instruction chargé du dossier Lelandais, pour lui demander de vérifier sa présence éventuelle dans le Gard à l'époque des faits", relevait Patrick Gontard, l'avocat de la famille, en 2018. "C'est une piste à creuser, ce n'est absolument pas une certitude absolue, il s'agit uniquement de voir si cette porte peut être refermée."



Les dossiers desquels il a été écarté

L'affaire Estelle Mouzin. L'enfant s'est évaporée en janvier 2003, vers 18 heures, sur le trajet entre son école et son domicile. Le père de la fillette et ses avocats ont demandé aux juges d'instruction de mener des investigations au sujet de Nordahl Lelandais, qui a fréquenté à l'époque le camp militaire de Suippes (Marne), à environ 150 km de Guermantes. Mais l'armée a informé les enquêteurs que Nordahl Lelandais se trouvait ce jour-là en Guyane, en mission avec son bataillon. Et dans cette affaire, Michel Fourniret est devenu le suspect numéro un.

L'affaire Lucas Tronche. Son dossier hante les enquêteurs de la police judiciaire, qui n'ont jamais cessé d'investiguer. Le 18 mars 2015, Lucas Tronche, qui vit à Bagnols-sur-Cèze (Gard), doit rejoindre son frère aîné à un arrêt de bus, pour se rendre à un club de natation. Peu de temps après, son téléphone est coupé : il ne répondra plus jamais. La culpabilité de Nordahl Lelandais est toutefois écartée, l'enquête ayant établi que ce dernier était resté en Isère le jour de la disparition de l'adolescent. L'enquête se poursuit mais "c'est toujours le grand mystère", confie sa mère au journal Midi Libre.

L'affaire Antoine Zoia. Ce jeune garçon de 16 ans disparaît en 2016, dans le Gard, à une heure de route de Bagnols-sur-Cèze. Les investigations autour de sa disparition sont relancées après l'arrestation de Nordahl Lelandais, car ce dernier avait un cousin à Bagnols-sur-Cèze et une cousine dans un village du nord du département. Mais en septembre 2018, le corps de l'adolescent a été retrouvé pendu à un arbre dans la commune où il avait disparu. Aucune trace d'agression n'a été décelée à l'issue de l'autopsie. La piste du suicide reste privilégiée.

La disparition d'Adrien Mourialmé. Originaire de la province de Namur, en Belgique, ce jeune homme était venu travailler dans un restaurant huppé des rives du lac d'Annecy. Il n'a plus donné de signe de vie depuis le 5 juillet 2017, alors qu'il appelait sa mère tous les jours. La piste de Nordahl Lelandais avait été écartée en avril 2018 et le corps du jeune cuisiner a été retrouvé pendu un mois plus tard. L'hypothèse privilégiée est donc celle "d'un acte volontaire excluant l'intervention d'un tiers", d'après la procureure d'Annecy.

La tuerie de Chevaline. Cette affaire, dans laquelle quatre personnes (un cycliste et trois membres d'une famille britannique d'origine irakienne) ont été tuées le 5 septembre 2012, avait également été réétudiée par la cellule Ariane.Mais Nordahl Lelandais ne se trouvait pas en Haute-Savoie ce jour-là, d'après les bornages de son téléphone portable. Aucun coupable n'a pour le moment été appréhendé.

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