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Qui va racheter les droits TV de la ligue 1 ?

Canal+, le diffuseur historique du foot français devrait devenir le grand gagnant de la crise des droits TV et se positionne en favori pour racheter les rencontres. Mais à quel prix  ?


© Crédit photo : JEFF PACHOUD AFP

Déjà détentrice de l’affiche de Ligue 1 du samedi soir et de celle du dimanche après-midi chaque semaine, la chaîne cryptée est en première ligne pour agrandir son catalogue, depuis l’accord trouvé vendredi par la Ligue de football professionnel et Mediapro, défaillant depuis deux mois, en vue du retrait du groupe sino-espagnol. Depuis plusieurs semaines, les dirigeants de nombreux clubs ne s’en cachent plus: la future diffusion du football français doit passer par le groupe Canal.

Si la sortie de Mediapro doit encore être homologuée par le tribunal de commerce de Nanterre ces prochains jours, ce voeu semble proche d’être exaucé: dès que la conciliation sera officiellement refermée, Canal+ aura la possibilité de formuler des propositions pour prendre le relais de la chaîne Téléfoot, selon plusieurs sources proches du dossier.

"Plus que jamais aujourd’hui, Canal+ est aux premières loges", confirme Arnaud Simon, consultant et ancien dirigeant d’Eurosport France. "Ils ont tout intérêt à récupérer les droits au montant qu’ils estiment être le bon, pour bloquer le marché jusqu’en 2024", date de la fin du cycle de diffusion, reprend-il.

Ce scénario, limpide aujourd’hui, était pourtant totalement impensable deux ans et demi plus tôt. En effet, au printemps 2018, Canal+ était revenu bredouille de l’appel d’offres pour les droits de la Ligue 1 pour 2020–2024, une immense désillusion pour la chaîne cryptée, partenaire du foot français depuis 1984.

Les mois suivants sont ceux de la reconstruction. Sans jamais dévier de son argumentaire, comme quoi il sera "impossible" pour Mediapro de se rentabiliser à un tel montant, la chaîne dirigée par Maxime Saada, filiale du groupe Vivendi contrôlé par Vincent Bolloré, prépare son retour. En novembre 2019, elle s’assure les deux meilleures affiches de chaque journée de Ligue des champions, la compétition de clubs reine en Europe, pour la période 2021–2024. Et quelques jours plus tard, elle annonce un accord surprise avec beIN Sports. A prix coûtant (330 M EUR annuels), Canal+ se voit sous-licencier deux affiches de L1 par journée, et devient le distributeur exclusif en France de son ancien rival.

En parallèle, les négociations pour la distribution de la future chaîne Mediapro, elles, n’aboutiront jamais. Pire, elles finiront en justice, avec deux assignations croisées déposées cet automne. Ultime détail d’une stratégie millimétrée: lorsque Mediapro refuse de verser ses échéances d’octobre et décembre 2020, Canal, lui, joue le "bon payeur" en honorant ses traites à temps auprès de beIN Sports, qui reverse ensuite la manne attendue à la Ligue, selon une source proche du dossier.

Et voici Canal+ et son allié beIN tout proches de signer une revanche retentissante. "Si on regarde la position de Canal+ tout au long des appels d’offres, leur position est cohérente. Il y a un prix qu’ils ne veulent pas dépasser, et ils ne vont pas laisser passer cette occasion de corriger ce marché", affirme Pierre Maes, consultant et auteur du livre "Le business des droits TV du foot". "La proportion de la correction est inconnue aujourd’hui, et c’est (Vincent) Bolloré qui va décider. Mais c’est un tueur."

Pour le foot français, le risque réside bien dans le prix que voudra proposer Canal… Si le groupe a été concerné par les négociations des dernières semaines avant de prendre un peu de recul ces derniers jours, selon plusieurs connaisseurs du dossier, il n’est pas intéressé par l’ensemble des matches et n’a pas émis d’offre réelle, même si un montant de moins de 600 millions d’euros par an est évoqué par certaines sources.

Et les clubs ne sont pas dupes. Selon un dirigeant de Ligue 1 interrogé, le contrat futur sera, au mieux, inférieur de 400 millions d’euros au contrat précédent, d’un montant record d’1,217 milliard d’euros annuel, L1 et L2 confondues. "Notre objectif, c’est bien sûr d’aider à la renaissance de la Ligue 1 (…) mais il faut que les prix ne soient pas hors sol", déclarait d’ailleurs mercredi Gérald Brice-Viret, le directeur des antennes de Canal+, sur Europe 1.

Le patron Maxime Saada l’avait dit dans un entretien aux Echos fin octobre: il n’est "pas question" de mettre Canal+ "dans le rouge en réinvestissant à perte dans le football". Le foot français est prévenu.


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