Une fusillade a éclaté ce mardi matin dans une école du centre de la Russie. A partir de 9 h 30, l’information alarmante a commencé à circuler sur les réseaux sociaux russes, suivie rapidement de vidéos amateur, tournées par des témoins se trouvant à l’extérieur du bâtiment, dont des parents d’élèves de cette école n°175, située dans un quartier dortoir ordinaire de la périphérie de Kazan. Le tireur, rapidement identifié, est un étudiant de 19 ans, Ilnaz Galiliev, ancien élève de ce même établissement. A 8 h 57, le jeune homme a posté sur son compte Telegram un selfie pris dans un miroir, vêtu de noir, le visage recouvert par un tour de cou avec l’inscription «Dieu» en lettres capitales rouges, et pour légende : «Aujourd’hui je vais tuer un grand nombre de déchets biologiques et me tuerai moi-même.»
Devant l'école n°175 où a eu lieu la fusillade, dans un quartier dortoir de la périphérie de Kazan, en Russie centrale, mardi.
A 9 h 34, on le voit sortir de l’école, les mains en l’air, et se rendre à la police. Entre-temps, il a fait exploser ce qui semble être une bombe artisanale au rez-de-chaussée, avant de monter dans les étages et d’ouvrir le feu sur des enfants et adolescents qui ont eu le temps de se barricader dans les salles de classe. Depuis l’extérieur, on pouvait voir des élèves sauter par les fenêtres du deuxième étage. Selon les médias, il y aurait plus de 20 victimes, dont dix morts et huit personnes en réanimation. En tout, 21 personnes auraient été hospitalisées, dont 18 mineurs. Le président du Tatarstan, cette république musulmane de Russie centrale, a de son côté parlé de neuf morts : «sept enfants, en classe de quatrième, quatre garçons et trois filles», et deux adultes, dont un enseignant.
Le tueur, d’abord plaqué au sol sur le parvis de l’école, a ensuite été emmené au poste de police. Sur une vidéo, on le voit torse nu, couché sur une banquette dans la cage des prévenus, menotté aux barreaux les bras au-dessus de la tête. Dans ce premier interrogatoire, il profère, comme un fou, en crachant des jurons : «Il y a deux mois je me suis rendu compte que j’étais Dieu… Et puis un monstre s’est réveillé en moi… Je hais tout le monde… Je n’ai pas de mère, pas de père.» Ses camarades de classe et enseignants, interrogés par les médias, décrivent un jeune homme «discret», «calme», «sans histoires». «Un étudiant non conflictuel» et «respectueux», selon le service de presse de l’établissement technique dont il a été exclu en avril, n’ayant pas validé ses examens. Ce qui ne l’a pas empêché de se procurer un permis de chasse, en février, et, selon le média Life (à la colle avec les services russes), il aurait enregistré le 14 avril un fusil semi-automatique Hatsan Escort, de fabrication turque.
Une enquête pour meurtre a été ouverte, et la ville de Kazan placée sous régime «opération antiterroriste». Les fusillades en milieu scolaire ne sont pas fréquentes en Russie. La dernière, comparable, remonte à octobre 2018, quand 19 personnes avaient été tuées dans un lycée de Kertch, en Crimée. Vladimir Poutine avait alors blâmé «la mondialisation», estimant que le phénomène provenait des Etats-Unis. Il a donné l’ordre ce mardi de renforcer le contrôle de la circulation des armes civiles.
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